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1756. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Pour cette nouvelle histoire, il nous a fallu découvrir les nouvelles sources du Vrai, demander nos documents aux journaux, aux brochures, à tout ce monde de papier mort et méprisé jusqu’ici, aux autographes, aux gravures, aux dessins, aux tableaux, à tous les monuments intimes qu’une époque laisse derrière elle pour être sa confession et sa résurrection. […] Elle la gronde « d’avoir de la curiosité et de ne s’entretenir qu’avec de jeunes dames, de se laisser aller à des propos inconséquents, de manquer de goût pour les occupations solides »… Je le demande en conscience aux lecteurs sans passion politique, s’il existait pour la jolie femme la plus humainement parfaite du monde, de seize à vingt-cinq ans, un procès-verbal, jour par jour, de toutes les grogneries des vieux parents à propos de sa toilette, de son amour de la danse, de sa naturelle envie de s’amuser et de plaire, le dossier accusateur de cette jolie femme ne serait-il point aussi volumineux que celui de Marie-Antoinette ? […] Elle représentera cet âge sur son théâtre même, au milieu de ses entours, assis dans ce monde de choses, auquel un temps semble laisser l’ombre et comme le parfum de ses habitudes. […] Préface de la première édition (1882)49 Avec l’ambition de mettre dans mes biographies — un peu des Mémoires des gens qui n’en ont pas laissé, — j’achetais, il y a une quinzaine d’années, chez le bouquiniste bien connu de l’arcade Colbert, les papiers de la Saint-Huberty.

1757. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Ces portraits de l’humanité, laissés à l’humanité comme adieux par ces passants, les poètes, sont rarement flattés, toujours exacts, ressemblants de la ressemblance profonde. […] S’il n’était qu’une abstraction, les hommes ne le reconnaîtraient pas, et laisseraient cette ombre passer son chemin. […] Il semble que votre moi se soit absenté, et vous ait laissé là. […] Ô Dieu, ceux que vous aimez, vous ne les laissez pas survivre.

1758. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Cette terre, jetée sur un homme, crible son nom, et ne laisse sortir ce nom qu’épuré. […] Cette mystérieuse entrée ailleurs laisse derrière elle de la lumière. […] L’acceptation de l’oppression par l’opprimé finit par être complicité ; la couardise est un consentement toutes les fois que la durée d’une chose mauvaise qui pèse sur un peuple et que ce peuple empêcherait s’il voulait dépasse la quantité possible de patience d’un honnête homme ; il y a solidarité appréciable et honte partagée entre le gouvernement qui fait le mal et le peuple qui le laisse faire. […] Laisser une telle créance en souffrance, ce n’est point là une bonne attitude pour la fierté d’un peuple.

1759. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

De cette faiblesse, les causes se découvrent facilement : 1º Le critique s’est laissé gagner par la confusion générale des lettres. […] Eugène Montfort. — Rien ne laissait prévoir, il y a six ans, le critique délicat, original, nerveux, sobre que s’est révélé M.  […] Maurice Le Blond qui est un esprit juste s’est laissé gâter par le vent des tendances sociales qui souffle sur les jeunes têtes. […] Les illustres prédécesseurs ayant laissé à notre génération que l’ignorance domine, un nombre suffisant de clichés conventionnels, une troupe habile maniant ces mêmes clichés, a institué la critique payée, payée par des toiles de peintres et des croquis.

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