Si Dante, pour nous faire concevoir les béatitudes des dernières sphères du paradis en même temps que leur beauté, compara les chœurs des âmes bienheureuses groupées et pressées en innombrables multitudes, aux feuilles d’une rose s’inclinant toutes vers le même centre, nous oserons peut-être dire, ne pouvant traduire que par une autre image l’impression laissée par ce chant qu’on croirait descendre des mystérieuses hauteurs de l’Empyrée, qu’elle ressemble à l’ascétique ivresse que produirait sans doute en nous la vue de ces fleurs mystiques des célestes séjours, qui sont tout âme, toute divinité, et répandent un frémissant bonheur autour d’elles. […] Il laissera vivre les Cygnes, dans les grands lacs ; se blesser, n’est-ce point souffrir ? […] En effet, il conçut Lohengrin au moment même, où, après avoir cruellement souffert de n’être pas aimé, de n’être pas compris, il se rendit compte qu’il en était ainsi, parce que ses œuvres étaient nouvelles, parce qu’elles ne rentraient pas dans la catégorie des opéras, et que le public, les y plaçant bon gré mal gré, y cherchait des airs, des duos, des trios, au lieu de se laisser aller aux impressions qui lui eût certainement fait éprouver la fusion intime de la musique et de la poésie si une idée préconçue ne s’y fût opposée. […] Ainsi que le Drame ne cherche pas à peindre, par une description, le caractère humain, mais laisse ce caractère se représenter, immédiatement, lui-même, devant nous ; ainsi la Musique, au moyen de ses motifs, nous donne le Caractère de toutes les Apparences de l’Univers, dans leur essence et leur Moi le plus intime. […] Maintenant, si nous suivons avec attention la direction et le développement de ces motifs dans leur opposition mutuelle et dans leur caractère musical ; si nous laissons agir sur nous, pleinement, les détails purement musicaux constitués par les rapprochements, les séparations et les élévations de ces deux motifs ; nous suivrons, en même temps, un drame qui, dans son expression propre, contient tout ce que l’œuvre du dramaturge a pu nous donner seulement par le moyen d’une action complexe, et l’addition de personnages moins importants.
Je ne parle pas du sublime de la fausse ivrognerie du chevalier Grosse-Roche, qui pour son rôle de vengeur, se laisse uriner sur la figure, couché, dans le ruisseau, du sublime du suicide de la mère du chevalier Communal, — de ce sublime égal, s’il n’est supérieur à tout le sublime de l’Occident, — je parle de délicates trouvailles, comme la réponse de Mlle Ronce à la déclaration du chevalier Écaille : réponse, que ne laisse pas entendre le chant des oiseaux ; et je parle encore de la figure à la fois comique et touchante du chevalier Haie-Rouge : figure, tout aussi heureusement et habilement construite, que les meilleures figures des romans d’aventures d’Alexandre Dumas père. […] Il laisse échapper, que depuis quelque temps, il éprouve de telles souffrances, que maintenant, quand il va à un enterrement, il envie presque l’insensibilité de celui qu’on met en terre. […] Je crois avoir raconté quelque part, que tout enfant, mon père m’emmenait dans un cabinet de lecture du passage de l’Opéra, puis après avoir parcouru les journaux, me laissait presque toujours, sur ma demande, enfoncé dans la lecture d’un roman, où, en ce temps, il était éternellement question de palicares héroïques. […] Et il laisse sa carte. […] Il veut passer tout l’hiver en Italie… il partira aussitôt qu’il aura de l’argent… il laissera son roman et le reste… et il se décidera tout à coup, comme ça, dans l’heure du réveil… au moment où il fume son premier cigare, et où il se garderait bien de lire une lettre… Oui, le soir, il s’embarquera, à dix heures, — il est très bien avec le chef de gare, qui lui donnera un compartiment pour lui tout seul — et il prendra du chloral… et il dormira jusqu’au matin… et quand il se réveillera… il se réveillera dans du soleil, dans de la gaieté.
Et rue Condorcet, je me consulte, un moment, pour savoir si je ne laisserais ma carte cornée au concierge. […] Mercredi 28 avril Oui, j’ai le dédain de l’humanité, que je côtoie chez les grands, et le laisse un peu trop voir, mais j’en ai le droit, ayant méprisé dans ma vie bien des choses, aux pieds desquelles, je l’ai vu agenouillée, cette humanité-là. […] » — C’est écrit sur son petit cahier, mais il n’ose pas le laisser, et est à la recherche d’un synonyme moins naturaliste. — Le lendemain, on trouve sur le banc, où l’académicien était assis, un chapeau à bords solennels, un chronomètre et une carte de visite. […] Il laisse entendre plutôt qu’il ne me le dit, qu’on le laisse mourir sans l’utiliser. […] Que Madame me laisse mon libre arbitre pour faire le feu !
Nous allons dérouler devant vous quelques pages des livres sacrés des Indes, les premiers monuments littéraires et théologiques que leur antiquité nous laisse entrevoir à travers les brumes des temps. […] XI Ces races en passant nous ont laissé, soit dans leurs livres, soit dans leurs monuments maintenant ruinés, quelques vestiges de leur science et de leur force, qui attestent au moins l’égalité avec nous. […] La cendre de la bibliothèque de Persépolis ou d’Alexandrie ne nous a laissé que quelques étincelles, mais ces étincelles attestent un foyer aussi lumineux que le foyer de notre jeune Europe. […] Quel est l’homme qui ne sait pas le mensonge de cet instinct, et quel est l’homme qui ne s’y laisse pas éternellement tromper ? […] Les dieux, attendris de ce sacrifice de générosité, laissent entrer l’animal avec l’homme, et le ciel se referme sur tous les deux.