VIII C’était le lendemain de la révolution de 1830 ; cette révolution, provoquée, mais mal inspirée, avait proscrit un berceau plein d’innocence ; elle avait donné le trône de l’infortuné Louis XVI, victime de ses vertus, au fils d’un prince qui avait démérité de son sang ; cette odieuse rétribution de la Providence révoltait et révolte encore la justice innée en moi. […] Tels étaient mes sentiments et tels ils sont encore, quand j’y pense, envers le changement contre nature et contre justice de dynastie en 1830.
« Et puis, la société humaine ne lui avait fait que du mal ; jamais il n’avait vu d’elle que ce visage courroucé, qu’elle appelle sa Justice et qu’elle montre à ceux qu’elle frappe. […] Car, premièrement, comment supposer qu’un brave homme, condamné pour une vétille, devenu un manufacturier opulent, le bienfaiteur d’une province entière, magistrat adoré de sa ville adoptive, soit renvoyé pour sa vie aux galères, sans discernement, sans justice et sans grâce, par la société du dix-neuvième siècle ?
La Justice, à la main toujours égale, fait accepter à nos propres lèvres le calice empoisonné que nous avons composé nous-mêmes. — Il est ici sous la foi d’une double sauvegarde. […] Si nous étions au temps de Caton d’Utique, j’y aurais depuis longtemps échappé par la même voie moi-même ; mais nous vivons sous une loi plus patiente et qui nous commande d’attendre avec résignation la justice des hommes et le pardon de Dieu !
L’injustice décourage ; mais une justice froide, qui ne s’étourdit pas des beautés et ne s’irrite point des défauts, est un puissant aiguillon pour les hommes supérieurs, secrètement d’accord avec ceux qui les jugent. […] Si c’est un jeu d’esprit de trouver un poète dans l’auteur de la Pucelle 64 et de vouloir le relever des arrêts de Boileau, il n’y a que justice à dire que, dans ses écrits en prose, quelques pages sont sensées, ingénieuses et naturelles.