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1006. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Le second point de vûe de la critique, est de la considérer comme un examen éclairé & un jugement équitable des productions humaines. […] Dans les connoissances humaines, un philosophe démontre ce qu’il peut ; croit ce qui lui est démontré ; rejette ce qui y répugne, & suspend son jugement sur tout le reste. […] Mais dès que la mélodie vient donner de l’ame & du caractere à l’Harmonie, au jugement de l’oreille se joint celui de l’imagination, du sentiment, de l’esprit lui-même. […] Ceux qui n’ent lû que Boileau méprisent Lucain ; mais ceux qui lisent Lucain, font bien peu de cas du jugement que Boileau en a porté. […] d’où vient que don Jugement, dame Mémoire, & demoiselle Imagination, quoique très-bien caractérisés, sont si déplacés dans la fable ?

1007. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

J’ai eu souvent à me louer d’articles très-bienveillants, et, autant que je pouvais me permettre d’en juger, fort bien faits, mais tous conçus à un point de vue purement littéraire et contenant des jugements plus que des faits. […] Sainte-Beuve, concernant la vie du poète latin. — Je lis encore, sur un petit exemplaire des Commentaires de César, qui lui venait aussi de son maître, ce court jugement de collège, daté, signé et paraphé : « César, grand capitaine et grand littérateur, d’un génie aussi élevé que d’un courage ardent, a laissé des Commentaires célèbres par la pureté du style, par la sagesse de la narration, par la justesse des idées. — Boulogne, 23 juin 1818. […] Sainte-Beuve l’a remplacée dans le xie volume par une centaine de pages des plus piquantes, intitulées Notes et Pensées, dans lesquelles, comme il disait, « il a vidé tous ses cahiers. » Ce sont des jugements et éclaircissements sur ses Contemporains, des pages de Mémoires. — M. 

1008. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Dans la teneur de la vie, elle était surtout sensée ; elle avait le jugement au-dessus de son esprit, lui disait-on, et cette louange la flattait plus que le reste : ici, la poésie, la sensibilité intérieure reprennent le dessus, quoique la raison ne manque jamais. […] Valincour n’avait alors que vingt-cinq ans ; il aimait peu le monde de Huet, de Segrais ; il arrivait plus tard, et représente au net les jugements de Racine et de Boileau. […] Mais je disois à ces personnes si précipitées dans leurs jugements : Mme de La Fayette n’est pas folle ; et je m’en tenois là.

1009. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Je puis bien dire que c’est à lui que je dois presque entièrement ce discernement, cette critique, ce jugement sûr, — si toutefois j’en ai un peu, — que l’indulgence des autres, bien plus que la vérité, a fait quelquefois remarquer en moi. […] Or chacun sait que ces derniers empêchements sont insurmontables, ce qui n’existe pas pour les autres ; et il n’était pas seul à porter un semblable jugement sur le cardinal en question. […] Il ajouta qu’il adorait les jugements de Dieu ; qu’il était confondu et tremblant à l’aspect d’un si lourd fardeau et à la vue de son insuffisance ; qu’il comptait sur l’aide et sur le concours du Sacré-Collège dans l’exercice du pontificat, auquel il ne croyait pas devoir renoncer dans les circonstances actuelles de l’Église, et dans la nécessité de ne plus prolonger son veuvage.

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