» je sourirais et je comprendrais cette joie enfantine qui a besoin de se répandre à l’entour par des témoignages ; mais Louise, Louise, la fille autrefois séduite, la femme sérieuse et prudente, qui a connu la passion et s’est usée dans les pleurs, Louise ne joue pas avec un baiser ; elle ne dira pas à Valentine d’en déposer un, même sacré, même fraternel, sur le front de Bénédict : Louise n’a jamais dit ni fait cela.
Mais pour que cette convenance soit rigoureuse et se fonde sur un devoir, il est besoin que le poëte ne se complaise pas aux misères qu’il décrit, qu’il ne joue pas avec l’infamie qu’il étale, comme font certains chirurgiens sans humanité83, et que ce dégoût vertueux qu’il veut exciter dans le lecteur réside continuellement sur sa lèvre et palpite dans son accent.
On aimait, on buvait, on jouait, on riait ; on n’en demandait pas davantage.
… Sans réflexion, sans calcul, poussé par sa nature et par l’esprit du temps, il s’est livré à ses séductions, dont il n’a pas vu le danger : c’est si facile, si doux, si distingué, de jouer avec les idées, de s’en caresser l’intelligence, d’en extraire l’essence, et, comme un riche répand sur ses mouchoirs un parfum dont le prix nourrirait des familles, d’en saupoudrer élégamment sa vie… Cependant, ces plaisirs s’émoussent comme toutes les ivresses : le Pharisien se fatigue à la fin des arcs-en-ciel qu’allument sur toutes choses les prismes de son esprit.