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1105. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

De quelle joie notre maître commun eût été pénétré en constatant le bel effort d’éthique intérieure, par lequel un des meilleurs de ses héritiers est parvenu à équilibrer, à corriger l’une par l’autre des facultés d’essence contradictoire, semblait-il. […] Mesurant la belle courbe dessinée par son ami entre ces deux livres, comment n’aurait-il pas un peu d’orgueil à l’avoir prédite et beaucoup de joie à la contempler ? […] Tout est fête et douceur, apaisement et volupté, espérance et promesse de joie, et aucun tableau n’insinue plus intimement, dans l’âme de celui qui le contemple, le goût mortel du miel amer, la sensation du néant de tout, du temps qui va fuir, du baiser qui va mentir, du bonheur qui va s’achever dans les larmes. […] Nous apercevrons sous l’abstraction le groupe des joies ou des désespérances qu’elle résume et qu’elle achève. […] Il abdique, pour se consacrer tout entier aux joies du ménage.

1106. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Les archives nationales, dont il connaît familièrement les détours, lui ont aussi procuré des gains précieux et de vives joies. […] Alors les soldats jetèrent des cris de joie qui me firent horreur, comme s’ils voulaient dire : « Nous voilà sur le territoire ennemi ! […] Cela serait utile non seulement à la joie des lettrés, mais aussi aux intérêts de la patrie. […] Ils apprennent avec une inlassable joie ce qu’ils savent déjà. […] Lorsqu’on est admis dans l’intimité de ces familles semi-indigènes et quasiment transformées par la chaleur des tropiques, on goûte les joies d’une hospitalité qui dépasse en cordialité tout ce qu’on rapporte sur le compte des Écossais.

1107. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

— Non, monsieur, je n’oublierai rien ; on sera bien content. » Elle s’échappa comme un oiseau de sa cage ; et le vieux David, les yeux pétillants de joie, s’écria : « Voilà ce qu’on peut appeler une jolie petite fille, et qui fera bientôt une bonne petite femme de ménage, je l’espère. […] » Et la joie intérieure rayonnait sur sa figure, il reconnaissait en ces choses le doigt de Dieu. […] La joie se peignait sur tous les visages.

1108. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Sans trop de culture littéraire, mais habiles à exprimer, dans une langue spontanément éloquente et colorée, les traditions qui survivent, les tristesses vagues, les rêveries confuses, les dures misères et les joies rapides de la foule, ce sont encore de vrais poètes populaires et nationaux, dignes de sympathie et d’admiration. […] Les tortures de la passion, les férocités et les lâchetés sociales, les âpres sanglots du désespoir, l’ironie et le dédain, tout se mêle avec force et harmonie dans ce cauchemar dantesque troué çà et là de lumineuses issues par où l’esprit s’envole vers la paix et la joie idéales. […] Le livre des Contemplations, d’autre part, grave, spirituel, philosophique, rêveur, d’une inspiration complexe, mêle les voix sans nombre de la nature aux douleurs et aux joies humaines ; car, si Victor Hugo sait faire vibrer toutes les cordes de l’âme, il sait, par surcroît, voir et entendre, ce qui est plus rare qu’on ne pense.

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