« Est-ce que je souffrirai que, pour ma cause, tant de belle jeunesse romaine, tant de braves armées, égorgées de nouveau les unes par les autres, soient enlevées à la république ? […] « Le jour, dit-il, où Domitien entra au sénat, il parla en peu de mots de l’absence de son père et de son frère, et de sa propre jeunesse. […] « On peut tolérer, en les méprisant, les excuses de ceux qui aiment mieux perdre les autres que de s’exposer eux-mêmes ; mais toi, l’exil de ton père, le partage de ses biens entre ses créanciers, ta jeunesse, encore inhabile aux fonctions publiques, assuraient ta sécurité.
Il ne s’en fallut que de quelques voix pour qu’il fût le représentant de la jeunesse de la Franche-Comté, comme son père l’avait été de l’âge mûr. […] XXXVIII Mais est-il possible, cependant, qu’un jeune poète à l’âme ardente et expansive, tel que celui dont nous parlons, ait passé toute sa jeunesse dans un manoir du Jura sans autre passion que ses dessins, ses manuscrits, ses poussières de marbres antiques, ses voyages d’antiquaire, le compas à la main, avec ses contemplations de tableaux ou de statues ? […] Ce volume perdu ou égaré se retrouvera un jour, je n’en doute pas ; il se retrouvera grossi de poésies plus mûres et plus humaines ; il dira combien le donjon sans fumée de Saint-Lupicin et combien son toit blanchi de neiges ont caché de flammes et d’ardeurs sous la cendre de cette jeunesse évaporée en mélodieux soupirs qui ne montaient qu’au ciel, où montent tous les rêves et tous les encens.
Relisons-le pour en contempler la puissance souvent colossale, pour en admirer la verve plus bouillante encore que dans la jeunesse, dans cette nature qui a déjà bouillonné soixante ans, tant il y a d’eau dans ce vase et de combustible dans ce foyer. […] Je ne nie pas mon incompétence pour un jugement ; je ne prends pas ma taille pour mesure du génie dramatique ; je ne dis pas : « Ce qui est plus haut que moi n’existe pas. » VI Quoi qu’il en soit, c’est l’âge qui fait les idées, c’est la jeunesse qui fait les amitiés. […] Nous avons fait tous deux d’illustres naufrages : l’un, échoué sur un bel écueil, au milieu du libre Océan ; l’autre, sur la vase d’une ingrate patrie, la quille à sec, les voiles en lambeaux, les mâts brisés, le gouvernail aux mains du hasard ; l’un, plein d’espérances et de nobles illusions, ces mirages de la seconde jeunesse des hommes forts ; l’autre, décougégé, trouvant les hommes toujours les mêmes dans tous les siècles, et n’attendant d’eux dans l’avenir que l’éternelle vicissitude de leur nature, qui naît, qui se remue, qui se répète et qui meurt, pour se répéter encore jusqu’à satiété !
Un certain tact m’avertit, me donne le sens des choses et des airs d’habitude là où je me trouve le plus souvent étrangère… » Le 20 avril, retour de jeunesse aussi : son oiseau favori est revenu chanter sur le genévrier, sous sa fenêtre. […] » XIII À mesure que le chagrin lui retire sa vie, elle cherche évidemment à la retenir instinctivement par quelques riantes images, réminiscences impuissantes de la jeunesse. […] C’est la saison où l’on vient nous voir, cette fois-ci c’était en foule des allons à la campagne, et la campagne est envahie, le Cayla peuplé, bruyant, gai de jeunesse, la table entourée de convives inattendus, l’improvisé dispense de cérémonie.