Si, dans ses Lettres Persanes, la vivacité de la jeunesse, une licence qu’on ne sauroit trop condamner, l’ont engagé quelquefois à des peintures ou à des discussions trop libres, ce n’a été, dans lui, que des momens d’ivresse qui passent rapidement, & après lesquels la saine raison reprend son empire.
Cependant il y a aujourd’hui dans la jeunesse artiste tant de vie, de puissance et pour ainsi dire de prédestination, que, dans nos écoles d’architecture en particulier, à l’heure qu’il est, les professeurs, qui sont détestables, font, non seulement à leur insu, mais même tout à fait malgré eux, des élèves qui sont excellents ; tout au rebours de ce potier dont parle Horace, lequel méditait des amphores et produisait des marmites.
Nous avons vû des peintres sans génie, mais devenus célebres pour un temps, par l’art de se faire valoir, travailler plus mal durant l’âge viril qu’ils ne l’avoient fait durant la jeunesse.
Dans son livre de l’Avenir de la Science, livre admirable où bout toute sa jeunesse et notre cœur avec, on voit bien que Renan partait à vingt-huit ans pour modifier notre état mental tout entier.