Avec quelle joie émue, il les a chantés sous la triple incarnation familière, légendaire, satanique, — car, parfois, il en prend un au coin du foyer pour le conduire à la messe noire — s’attendrissant sur les vieux chats abandonnés à qui manque le mou mis en pâtée par les bonnes vieilles, donnant des conseils aux plus jeunes, prenant paradoxalement parti pour eux contre leurs victimes ordinaires, le poisson rouge et le serin, les adorant en toute candeur quand ils sont dieux, composant à leur intention des cantiques, des litanies et songeant aux chats obstinément — car la féminité ne perd jamais ses droits — pour un rire félin de brune ou un bâillement rose de blonde.
Milosz est un nouveau venu parmi les jeunes poètes ; son volume est tout à fait remarquable.
En un mot, c’est dans les Ecrits de ce jeune Auteur qu’on trouve la saine Philosophie, & non dans les productions de ces Ecrivains orgueilleux qui la font consister dans des maximes ampoulées, dans des sentences froides & de commande, dans des déclamations aigres & séditieuses, faute de pouvoir mieux faire.
Il n’est pas inutile de remarquer que cet Auteur, dont le caractere fut toujours éloigné de la bassesse & des manéges qui menent à la fortune, auroit été, dans sa derniere maladie, privé des secours qu’exigeoit sa situation, si la bienfaisance éclairée de notre jeune Monarque ne se fût empressée de prévenir ses besoins.