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1085. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

lieux charmants, témoins de nos jeux ingénus ! […] L’effarement du crime commis ne paraît guère dans son jeu tranquille et bourgeois. […] Albert Lambert a été de tous points excellent dans le rôle d’Achille, qui convient à merveille à sa beauté, à son allure et à son jeu tout en dehors. […] Capus vos anciennes positions me pique au jeu et m’excite à tenter un effort pour vous déloger. […] C’était le serment du Jeu de Paume, c’était la prise de la Bastille sur laquelle il y a toute une littérature dramatique.

1086. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Ce prince, en effet, l’ayant rencontrée chez Mme de Parabère, la trouva tout aussitôt à son gré et ne douta point de réussir ; il chercha à plaire de sa personne, en même temps qu’il fit faire sous main des offres séduisantes, capables de réduire la plus rebelle des Danaë ; finalement il mit en jeu Mme de Ferriol elle-même, peu scrupuleuse et propre à toutes sortes d’emplois. […] Mais ce qui intéresse avant tout dans ce petit volume, c’est Aïssé elle-même et son tendre chevalier ; la noble et discrète personne suit tout d’abord, en parlant d’elle et de ses sentiments, la règle qu’elle a posée en parlant du jeu de certaine prima donna  : « Il me semble que, dans le rôle d’amoureuse, quelque violente que soit la situation, la modestie et la retenue sont choses nécessaires ; toute passion doit être dans les inflexions de la voix et dans les accents. […] Elle contait à ravir, et sa conversation était si attrayante, son esprit si charmant, que je quittais tous les jeux de mon âge pour l’aller entendre quand elle venait chez ma mère.

1087. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Zola par la bouche de son romancier typique : « Etudiez l’homme tel qu’il est, non plus le pantin métaphysique, mais l’homme physiologique, déterminé par le milieu, agissant sous le jeu de tous ses organes… N’est-ce pas une farce que cette étude continue et exclusive de la fonction du cerveau… La pensée, la pensée ; eh ! […] C’est un jeu de l’imagination, et un jeu désintéressé, précisément parce qu’il a pour objet le passé, c’est-à-dire ce qui ne peut plus être.

1088. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Le réalisme vrai consiste, au contraire, à ne jamais admettre qu’un homme soit une passion unique incarnée dans des organes, mais un jeu et souvent un conflit de passions diverses, qu’il faut prendre chacune avec sa valeur relative62. […] Tout, à la vérité, offre un intérêt scientifique dont le romancier doit savoir profiter ; c’est même parce que toute chose rentre dans la science que les naturalistes ont pu traiter toutes choses dans le roman ; mais ils n’ont réussi dans leur œuvre que toutes les fois qu’ils n’ont pas mis seul en jeu l’intérêt scientifique70. […] Certes, nous ne demandons pas au romancier de nous représenter le « libre arbitre » ; mais au moins devrait-il, outre la force des appétits, nous montrer aussi la force des sentiments et des idées, — même celle des beaux sentiments et des belles idées, qui ne laissent pas d’en avoir une ; il devrait, en un mot, mettre en jeu ce qu’on a appelé les « idées-forces », qui n’excluent pas le déterminisme, mais qui le complètent, le rendent flexible et, en le rapprochant de la liberté, permettent la réalisation progressive de l’idéal moral et social.

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