Mais s’il est certain que de la simple action réflexe par laquelle l’enfant tette, jusqu’aux raisonnements compliqués de l’homme adulte, le progrès se fait chaque jour par degré infinitésimal ; il est certain aussi qu’entre les actes automatiques des êtres les plus bas et les plus hautes actions conscientes de la race humaine, on peut disposer toute une série d’actions manifestées par les diverses tribus du règne animal, de telle façon qu’il soit impossible de dire à un certain moment de la série : Ici commence l’intelligence. » Si du savant qui poursuit ses recherches avec la pleine conscience des procédés de raisonnement et d’induction qu’il emploie, nous descendons à l’homme d’une éducation ordinaire, qui raisonne bien et d’une manière intelligente, mais sans savoir comment ; si de là nous descendons au villageois, dont les plus hautes généralisations ne dépassent guère les faits locaux ; si de là nous tombons aux races humaines inférieures qu’on ne peut considérer comme pensantes, dont les conceptions numériques dépassent à peine celles du chien ; si nous mettons à côté les plus élevés des primates, dont les actions sont tout aussi raisonnables que celles d’un petit écolier ; si de là nous arrivons aux animaux domestiques ; puis des quadrupèdes les plus sagaces à ceux qui le sont de moins en moins, c’est-à-dire qui ne peuvent plus modifier leurs actions selon les circonstances et sont guidés par un immuable instinct ; puis si nous remarquons que l’instinct, qui consistait d’abord en une combinaison compliquée de mouvements produits par une combinaison compliquée de stimulus, prend des formes inférieures dans lesquelles stimulus et mouvements deviennent de moins en moins complexes ; si de là nous en venons à l’action réflexe et « si des animaux chez qui cette action implique l’irritation d’un nerf et la contraction d’un muscle, nous descendons encore plus bas chez les animaux dépourvus de système nerveux et musculaire, et que nous découvrions qu’ici c’est le même tissu qui manifeste l’irritabilité et la contractilité, lequel tissu remplit aussi les fonctions d’assimilation, sécrétion, respiration et reproduction ; et si, finalement, nous remarquons que chacune des phases de l’intelligence, énumérées ici, se fond dans les voisines par des modifications trop nombreuses pour être distinguées spécifiquement, et trop imperceptibles pour être décrites, nous aurons en une certaine mesure montré la réalité de ce fait : qu’on ne peut effectuer de séparation précise entre les phénomènes de l’intelligence et ceux de la vie en général. » L’autre base de la doctrine, c’est la corrélation nécessaire de l’être et de son milieu, que l’auteur exprime en disant que la vie est une correspondance, « un ajustement continu des rapports internes aux rapports externes. » L’être vivant quel qu’il soit, arbre, infusoire ou homme, ne peut subsister s’il n’y a harmonie entre son organisme et son milieu ; et si à la vie physique s’ajoute la vie psychique, l’ajustement deviendra plus complexe. […] « Cet ordre supérieur de correspondance dans le temps, qui est impossible aux animaux inférieurs, qui n’existe qu’à l’état vague chez les animaux supérieurs, et qui ne se trouve sous une forme précise que dans la race humaine, a fait des progrès marqués dans le cours de la civilisation. […] Il est impossible de les connaître sans les classer avec d’autres de même nature, sans les assimiler à eux. […] Toute analyse subjective de nos idées est impossible. […] Les Principes de Psychologie sont si riches en détails originaux qu’il nous est impossible d’en donner une idée complète.
Et non seulement il y a des différences de sensations senties, quoique non notées et aperçues, mais il y a des sensations non remarquées et impossibles à remarquer, à apercevoir ; il y a, dans un amas complexe de sensations, des éléments qui ne peuvent être découverts à part. […] Par exemple, si je reçois un coup qui me blesse, la sensation douloureuse de ce coup a un caractère contraignant qui est tel qu’il m’est impossible de ne pas croire à cette sensation et à la douleur qui en est inséparable. […] De même qu’il m’est impossible de ne pas la subir, il m’est impossible de n’en avoir pas conscience. […] Mais, en vertu de l’égalité entre la réaction et l’action, il m’est impossible de subir une action, sous forme de sensation consciente, sans réagir immédiatement par les divers modes de réaction qui me sont possibles.
Mesurez-les, tant que vous voudrez, de la coiffure à la chaussure, et vous verrez combien de différences : c’est bien le même amour du luxe, de la toilette et de l’ornement ; c’est bien la même mignardise et la même affectation, et le même caprice, tout proche de la beauté dont il est la juste contrefaçon ; oui, c’est bien, au premier abord, la même coquette, et perfide et galante, le même piège et ses dangers, — et pourtant d’un siècle à l’autre. il nous est impossible de reconnaître et de retrouver les modèles de ces portraits. […] quand mademoiselle Mars prit congé du théâtre et de la vie, il nous sembla que c’était là un de ces bruits inattendus qui annoncent des choses impossibles, tant nous étions habitués à ne pas douter de cette grâce inépuisable et de cette jeunesse éternelle ! […] À mademoiselle Mars cet artifice a manqué, cet heureux mensonge a été impossible. […] La langue qu’il parle est si retenue en ses plus vifs emportements, elle a quelque chose de si réservé, même quand elle ose le plus, elle est si bien le langage de la meilleure compagnie, même quand elle passe par la bouche de Frontin ou de Lisette, qu’il est impossible, aux femmes les plus sévères, de ne pas écouter, malgré elles, et même assez volontiers, ces beaux discours fleuris, à rencontre des choses du cœur, ces folles dissertations d’amour, cette éloquence enivrante qui appartient beaucoup plus aux sens et à l’esprit qu’elle ne vient de l’âme. […] On l’écoutait bouche béante, on la regardait, à la brûler, et tous ces regards, semblaient dire à leur tour : — C’est impossible, cette femme ne joue pas pour la dernière fois !
Quand une variation est de la moindre utilité à une espèce, il nous est absolument impossible de déterminer jusqu’à quel point il faut l’attribuer, d’un côté à l’action accumulatrice de la sélection naturelle, et de l’autre aux effets directs des conditions de vie. […] D’après l’hypothèse de la création indépendante de ces espèces, il serait impossible de trouver aucune explication rationnelle de leurs affinités respectives avec les autres habitants de chacun des deux continents où elles se trouvent. […] Mais il n’est pas impossible que le progéniteur des progéniteurs de ces diverses espèces ait été autrefois répandu sur les deux continents, et que depuis, comme l’Éléphant des deux mondes, il se soit éteint partout, excepté dans les prisons souterraines qu’il habite aujourd’hui. […] L’Artichaut de Jérusalem, qui ne se propage jamais par graines, en Angleterre, et dont par conséquent on n’a pu obtenir de variétés nouvelles, étant aussi incapable aujourd’hui qu’autrefois de supporter la rigueur de notre climat, on le cite sans cesse en exemple pour prouver que toute acclimatation est impossible. […] Mais quant aux différences dans la structure interne ou externe des graines, différences qui ne semblent pas toujours en rapport direct avec la différence des fleurs, il me paraît impossible qu’elles soient de quelque avantage à la plante83.