Michel-Ange conçoit, imagine, rêve toujours un peu plus grand et un plus beau que nature. […] Qu’on imagine l’invention libre dans la tête de Michel-Ange, les trésors de la catholicité à sa disposition, le ciseau dans sa main, le pape devant lui applaudissant à sa propre apothéose.
L’effort est plus marqué et parfois plus heureux dans les œuvres d’Alain Chartier116 dont le nom surnageant presque seul au xvie siècle dans le naufrage de tout le passé, a usurpé longtemps une estime trop glorieuse : il n’est pas si au-dessus de son temps qu’on l’imaginait jadis. […] Il a des accents délicieux de foi ingénue : c’est plus rare aujourd’hui chez nous, mais là où le peuple n’a pas encore rejeté la foi, en Espagne, en Russie, j’imagine dans des âmes d’assassins des coins parfumés de dévote candeur.
Vous ne pouvez vous imaginer la fureur et l’intolérance de l’admiration des jeunes gens et de certaines femmes pour ces produits du Nord. […] Je n’ai point vu la steppe : pour l’imaginer, je multiplie l’étendue et la mélancolie des bruyères, des étangs et des bois de Sologne, l’hiver.
Lui, le digne comédien, en imaginait de bonnes pour se rendre intéressant. […] J’imagine que la sentimentalité un peu larmoyante et les crédulités romanesques et les enthousiasmes à grands bras ou les désespoirs à cheveux tombants de sa sainte mère devaient paraître à la fois adorables — et excessifs — à cette élève de Sainte-Beuve.