Imaginez une salle où l’on aurait amassé tous les meilleurs livres du xixe siècle, et que Léon Daudet ne les ayant jamais lus ni même soupçonnés y fût introduit soudain. […] Bref je suis né en 1862 et tout plein de reproches contre mille choses que j’ai vues, je n’imagine cependant rien de mieux que l’air que j’ai respiré de ma naissance à cette année 1922. […] Mais on est un peu agacé par ceux qui les imaginent contenant toute la réalité du passé ou bien qui y cherchent une philosophie, une sociologie, une éthique et d’autres choses du même ordre. […] Il ne s’agit pas davantage de l’irrévérencieuse boutade d’un aimable dadaïste, comme se l’imagine tel autre de nos correspondants. […] le xviie siècle, lui-même, n’est pas aussi simple, aussi uniforme que se l’imagine M.
. — Pour essayer ce parer autant que possible aux défauts de cette pièce, il imagina, dans les premiers mois de 1851, de mettre sur la scène la jeunesse ce Siegfried (telle qu’il l’avait déjà conçue dans son Esquisse de drame), et de montrer dans cet autre opéra quelques-uns des exploits dont on parlait dans le premier ; il écrivit donc un poème d’opéra intitulé le Jeune Siegfried, qu’il termina le 24 juin 1851. […] On ne saurait s’imaginer une antithèse plus parfaite. — Mais qui, parmi les ennemis de la Revue, a senti et signalé ce défaut primordial ? […] J’imagine qu’un succès pareil doit suffire aux plus ambitieux, sinon aux plus difficiles. […] Quant au wagnérisme de nos Wagnériens, j’imagine qu’il est sincère et intelligent ; qu’il ne leur vient point du désir d’être à la mode, mais de l’impérieux appel de leurs âmes d’artistes : j’imagine encore qu’il les porte à voir en Wagner autre chose qu’un harmoniste très habile, un César Franck allemand, sans pareil pour les tours de force : autre chose aussi qu’un auteur de mélodies sensuelles à la façon de Schumann ou de M. […] Œsterlein : mais j’imagine, pour ma part, qu’il y aurait là, vraiment, l’occasion d’une bonne action artistique.
Montaigne (il le nomme en chaire) a beau dire, il a beau tenir en échec la foi, rabaisser la nature humaine, et la comparer aux bêtes en lui donnant souvent le dessous : Mais dites-moi, subtil philosophe, qui vous riez si finement de l’homme qui s’imagine être quelque chose, compterez-vous encore pour rien de connaître Dieu ? […] Et sur cet homme petit en soi et honteux de sa petitesse, qui travaille à s’accroître, à se multiplier, qui s’imagine qu’il incorpore tout ce qu’il amasse et ce qu’il acquiert : Tant de fois comte, tant de fois seigneur, possesseur de tant de richesses, maître de tant de personnes, ministre de tant de conseils, et ainsi du reste : toutefois, qu’il se multiplie tant qu’il lui plaira, il ne faut toujours pour l’abattre qu’une seule mort… Dans cet accroissement infini que notre vanité s’imagine, il ne s’avise jamais de se mesurer à son cercueil, qui seul néanmoins le mesure au juste.
Venir après deux siècles s’interposer entre une maîtresse aussi subtile et aussi coquette d’esprit, aussi versatile de cœur que la sœur des Condé et des Conti, et un amant aussi fin, aussi délié, aussi roué si l’on veut, que M. de La Rochefoucauld ; prétendre sérieusement faire entre les deux la part exacte des raisons ou des torts ; déclarer que tout le mal est uniquement d’un côté, et que de l’autre sont toutes les excuses ; poser en ces termes la question et s’imaginer de bonne foi qu’on l’a résolue, c’est montrer par cela même qu’on porte en ces matières la ferveur d’un néophyte, qu’on est un casuiste de Sorbonne ou de cour d’amour peut-être, mais un moraliste très peu. Un Du Guet qui aurait été, par impossible, le confesseur ou le directeur des deux amants, un Talleyrand qui se serait vu, durant des années, leur ami intime, — l’un et l’autre, Talleyrand et Du Guet, mettant en commun leur expérience et les confidences reçues, seraient, j’imagine, fort en peine de prononcer. […] Cet illustre savant, qui fait ses phrases très longues, a imaginé de ne reprendre haleine qu’au milieu et jamais à la fin de sa période.