A un fonds de tendresse d’âme et d’imagination romanesque elle joignait une exactitude naturelle, et, comme le disait sa spirituelle amie, une divine raison qui ne lui fit jamais faute ; elle l’eut dans ses écrits comme dans sa vie, et c’est un des modèles à étudier dans ce siècle où ils présentent tous un si juste mélange. […] Mariée en 1655 au comte de La Fayette, ce qu’il y eut probablement de plus remarquable et de plus d’accord avec l’imagination dans ce mariage, ce fut qu’elle devint ainsi la belle-sœur de la Mère Angélique de La Fayette, supérieure du couvent de Chaillot, autrefois fille d’honneur d’Anne d’Autriche, et dont les parfaites amours avec Louis XIII composent un roman chaste et simple, tout semblable à ceux que représente Mme de Clèves. […] L’imagination de Mme de La Fayette, en composant, se reportait volontiers à l’époque brillante et polie des Valois, aux règnes de Charles IX ou de Henri II, qu’elle idéalisait un peu et qu’elle embellissait dans le sens où les gracieux et discrets récits de la reine Marguerite nous les font entrevoir. […] Ainsi ces deux amis vieillis remontaient par l’imagination à cette première beauté de l’âge où ils ne s’étaient pas connus, et où ils n’avaient pu s’aimer.
L’imagination, l’art ingénieux et compliqué, la ruse des moyens, l’ardeur même de cœur, y passent et l’augmentent. […] L’état de mon esprit est singulier : il est comme un homme qui se noierait dans son crachat… Les idées de Dieu, d’Éternité, dominaient parmi celles qui flottaient dans mon imagination, et, après bien des pensées et des réflexions singulières dont le détail serait trop long, je me suis déterminé à te demander le Psautier français de La Harpe, qui doit être à la maison, broché, je crois, en papier vert, et un livre d’Heures à ton choix. […] Ballanche, lui adressait de Lyon ces avertissements, où se peignent les craintes de l’amitié redoublées par une imagination tendre : … Ce que vous me dites au sujet de vos succès en métaphysique me désole. […] Votre imagination est une bien cruelle puissance qui vous subjugue et vous tyrannise.
VII Mais, si Pétrarque avait le cœur inguérissable, il avait l’imagination trop vive pour ne pas se débattre et se relever sous sa douleur ; il promena ses tristesses sans cesse évaporées dans ses beaux vers de Parme à Florence, de Florence à Rome ; il donna à ses amis, et surtout à Boccace, le plus cher et le plus affectionné de tous, les loisirs qu’il donnait jusque-là à ses pensées d’amour. […] Voilà le fondement de l’accusation contre lui ; il s’agit de savoir quel supplice mérite un tel crime. » Cette lettre, récemment découverte, était adressée au prieur des Saints-Apôtres de Padoue ; elle atteste avec quelle aspiration puissante l’imagination italienne du moyen âge, même dans le clergé papal, remontait à l’antique liberté, bien que cette liberté ne fût plus que le rêve de ses poètes. […] Gardez pour vous votre façon de penser et laissez-moi la mienne ; elle est établie sur des fondements solides que rien ne pourrait ébranler. » XI Cependant la mélancolie, cette maladie et cette muse des grandes imaginations, l’atteignit jusque dans cette retraite de Vaucluse. […] La politique l’avait rendu à la poésie, la poésie reportait son cœur à Laure, son imagination à Vaucluse ; il composa à San-Colomban des vers et des lettres pleines de sa mélancolie.
Le peuple chez lequel l’ouvrier, un ouvrier-poète a des imaginations pareilles à celle-ci, ne croyez-vous pas, que ce peuple puisse être proposé comme professeur d’art aux autres peuples ? […] Et toute la nuit, imaginations extravagantes et tragiques, fabrication de la tenue composite d’un monsieur, qui ne sait pas s’il doit s’attendre à une gifle, ou à une amicale poignée de main. […] Est-ce bête, ai-je envie de lui dire, de m’avoir fait travailler l’imagination comme ça, à propos d’une chose aussi bête. […] Mardi 2 décembre C’est curieux, la jeunesse actuelle semble cesser d’être une jeunesse d’imagination, pour devenir une jeunesse de pédagogie.