C’était là ce que nous espérions, mais la lecture du livre a mis en déroute nos idées et nos espérances. […] Travaux, livres, observations, mouvement d’idées, tout chez lui fut mis en branle par les voyages. […] « Le but véritable de mon livre — ajoute encore Humboldt — est de voir de haut l’ensemble de la science contemporaine », c’est-à-dire que ce n’est pas une idée ou un système d’idées, mais simplement un tableau. […] Il y a d’autres causes d’une gloire si vite consentie dans le détail desquelles nous pourrions entrer, et l’une d’elles, sans aller plus loin, c’est cet amour des faits qui a succédé chez nous à l’ancien amour des idées. […] qu’une de ces fortes théories scientifiques bâties avec la pierre vive de l’idée et le ciment tenace du raisonnement.
C’était là ce que nous espérions, mais la lecture du livre que voici a mis en déroute nos idées et nos espérances. […] Travaux, livres, observations, mouvement d’idées, tout chez lui fut mis en branle par les voyages. […] « Le but véritable de mon livre, ajoute encore Humboldt, est de voir de haut l’ensemble de la science contemporaine », c’est-à-dire que ce n’est pas une idée ou un système d’idées, mais simplement un tableau. […] qu’une de ces fortes théories scientifiques, bâties avec la pierre vive de l’idée et le ciment tenace du raisonnement. […] Philarète Chasles et pour l’appeler « vulgaire dans les idées comme dans le langage », lui qui est à l’autre extrémité du vulgaire, en toutes choses !
De Bonald, qui a beaucoup plus de structure dans ses œuvres et dans sa pensée, aurait peut-être été le métaphysicien de son époque, s’il n’avait pas étriqué un esprit fait pour tout embrasser dans les préoccupations de la politique et dans des aperçus trop fins qui rappellent bien souvent, avec un fond d’idées contraires, la manière grêle et brillantée de Montesquieu. […] Il devait sortir des mortes données de l’abstraction pour entrer dans la vie, et il y est entré dans ce traité de la Connaissance de Dieu, où se cachent sous les plus éclatantes questions d’une théodicée, les arêtes d’une méthode profonde ; il y est entré en observateur qui ne scinde pas l’homme et son esprit pour mieux le connaître, qui ne le mutile pas pour l’étudier : « Je ne puis m’empêcher d’affirmer — dit-il à la page 122 de son second volume : — que l’idée d’être bien déployée, si l’on sait mettre de côté l’habitude que nous avons de tout restreindre, de tout abstraire, de placer, même dans l’être, la négation, qui n’est faite que pour le néant, et de n’oser jamais pleinement soutenir l’universelle affirmation, l’idée d’être est identique à celle de force, d’intelligence, de volonté, de liberté, d’amour. […] Ce livre est vaste, étoffé, opulent d’idées, varié d’aperçus. […] Les idées d’infini, de perfection, sont les premières que la raison nous montre lorsqu’elle s’éveille, ce qui veut dire que la raison nous pousse à Dieu d’abord ! […] Nous nous sommes demandé plus d’une fois — et toujours en vain — quelle objection on pourrait soulever contre les idées qu’il expose, s’il fallait critiquer, au nom de la philosophie, le livre qu’il a écrit pour elle.
L’un et l’autre appartenaient à ces idées dont est sorti 1830, à ces idées qui ont passé, comme une trombe, dans tous les esprits de leur génération, et qui ont fortifié, en le secouant, le chêne des uns et déraciné celui des autres. Ils appartenaient à ces idées…, mais ils appartenaient aussi, et par leur destinée et par les premières observations de la vie pensante, qui forment, pièce à pièce, la mosaïque intérieure de notre génie, à ce peuple dont ils avaient à traduire les sentiments, le langage et les inspirations ! […] Les idées de la bourgeoisie de ce temps y alternent avec les sentiments du peuple. […] A l’extrémité, à l’opposite des idées du philosophe du dix-huitième siècle, il n’a rien, hélas ! […] Coureurs d’idées, après qui la Forme, cette fortune des idées, se met à courir, ils ont touché à tout le clavier humain, et ils l’ont fait vibrer jusqu’à la souffrance du tympan.