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1940. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Lorsque sous la Restauration, à cette heure brillante des tentatives valeureuses et des espérances, de jeunes générations arrivèrent et essayèrent de renouveler les genres et les formes, d’étendre le cercle des idées et des comparaisons littéraires, elles trouvèrent de la résistance dans leurs devanciers ; des écrivains estimables, mais arrêtés, d’autres écrivains bien moins recommandables et qui eussent été de ceux que Boileau en son temps eût commencé par fustiger, mirent en avant le nom de ce législateur du Parnasse, et, sans entrer dans les différences des siècles, citèrent à tout propos ses vers comme les articles d’un code. […] S’il m’est permis de parler pour moi-même, Boileau est un des hommes qui m’ont le plus occupé depuis que je fais de la critique, et avec qui j’ai le plus vécu en idée. […] Un jour, Racine, qui était aisément malin quand il s’en mêlait, eut l’idée de faire l’excellente niche de mener Boileau en visite chez Chapelain, logé rue des Cinq-Diamants, quartier des Lombards. […] Là même encore, les idées et les sujets le trahissent plus peut-être que le talent. […] Placez-le encore en idée sous l’Empire, et adressez-vous la même question.

1941. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Enfin on ne sçauroit donner une idée un peu précise des tableaux à ceux qui ne les ont pas vûs absolument, et qui ne connoissent pas la maniere du peintre qui les a faits, que par voïes de comparaison. […] Nous donnons l’idée du peintre inconnu en le comparant aux peintres connus, et cette voïe est la meilleure voïe de description quand il s’agit des choses qui tombent sous le sentiment. […] Je pense donc que pour se former une idée aussi distincte de la peinture antique qu’il soit possible de l’avoir, il faut considerer séparément ce que nous pouvons sçavoir de certain sur la composition, sur l’expression et sur le coloris des peintres de l’antiquité. […] Pour donner une idée du progrès que les anciens avoient fait dans cette partie de la peinture qui comprend le grand art des expressions, nous rapporterons ce qu’en disent les écrivains de l’antiquité. De toutes les parties de la peinture, la composition poëtique est celle dont il est plus facile de donner une idée avec des paroles.

1942. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

., ne sont que les chapitres du même livre, les développements épisodiques de la même idée. […] 2e Tableau. — La Bohême sans dignité dans sa conduite et sans hauteur dans ses idées ; — la Bohême soupant tous les soirs, et ne se levant du souper, si elle se lève, qu’ivre et chancelante ; écrivant à la hâte de petits articles pour de petits journaux malsains, sur les genoux d’une danseuse, et invoquant la chaste muse dans les coulisses des théâtres ; faisant de l’art un moyen comme la première en fait un piédestal ; n’ayant pas de maîtresses (toujours comme la première), mais des intrigues d’une nuit, dont elle est souvent lasse avant que le matin soit venu. […] Vous ne les voyez pas sans cesse occupés à se comprimer le front pour en faire sortir, à force de méditation, des idées avant terme. […] L’écrivain a la ligne — quand l’idée naît franche et nette dans son cerveau. […] L’écrivain a la couleur — quand l’idée naît avec intensité dans le cerveau.

1943. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Elle arlequine son style de petites phrases allemandes, comme sa pensée de petites idées du même pays. […] Mme Stern expose des idées qui feraient sourire celui qu’elle imite. […] Mme Stern ne nous croira pas : avec son esprit plus haut que ses idées, avec son style très travaillé, trop travaillé, hélas ! […] Mais s’ils y ont été au temps orageux des folies, comme dit la romance de Julie Candeille (un autre bas-bleu), elle les aura éteints pour se faire plus homme ; pour penser plus en homme, pour s’insensibiliser mieux en homme ; car être homme, être homme à tout prix, voilà l’idée fixe dans ces cerveaux femelles ! […] Sans initiative par elle-même, sans idée qui lui appartienne, elle ne change rien à ce courant qui l’entraîne.

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