L’auteur va plus loin : il fait descendre sur cette race mérovingienne et sur son droit inné une sorte de mysticisme demi-asiatique, demi-scandinave, et il en personnifie le résultat idéal dans la figure de Brunehaut. […] Celle-ci, dans la réhabilitation idéale qu’on en trace, aurait du moins eu la gloire d’avoir entrevu à l’avance quelque vague rayon de la politique de Charlemagne. […] Écrit dans le ive siècle, et, selon quelques scholiastes, cent ans plus tard, le poëme de Daphnis et Chloé reproduit sous une forme idéale sans doute, mais exacte, l’état religieux des campagnes à la dernière époque du culte des dieux. […] C’est un mélange singulier des fleurs idéales de l’imagination et des hideuses réalités de la vie servile.
… » Circonstance aggravante, dans un milieu réactionnaire, Baju ne cachait pas ses préférences pour l’idéal politique de Jules Guesde. […] « Un certain nombre de jeunes gens, las de lire toujours les mêmes tristes horreurs, dites naturalistes, appartenant d’ailleurs à une génération plus désabusée que toutes les précédentes, mais d’autant plus avide d’une littérature expressive, de ses aspirations vers un idéal, dès lors profond et sérieux, fait de souffrance très noble et de très hautes ambitions, — injustement, sans doute, un peu dépris de la sérénité parnassienne et de l’impassibilité pessimiste d’un Leconte de Lisle, d’ailleurs admiré, s’avisèrent un jour de lire mes vers, écrits pour la plupart en dehors de toute préoccupation d’école, comme je les sentais, douloureusement et joyeusement poétiques encore, et pleins, j’ose le dire, du souci de la langue bien parlée, vénérée comme on vénère les saints, mais voulue aussi exquise et forte que claire assez. […] Pour répondre à la curiosité du public et rendre notre doctrine plus saisissable, nous avions tenté d’incarner en Arthur Rimbaud le type idéal du Décadent. […] L’idéal dont il s’amourache Nourrit seul ses longs ramadans.
Remy de Gourmont, « l’exorciste du Réel et le portier de l’Idéal », Stéphane Mallarmé et Paul Verlaine furent, pour les jeunes gens de 1885, les initiateurs d’un art nouveau. […] Ne constituent-ils pas une sorte de réalité idéale où 1 humanité aime à se représenter à ses propres yeux ? […] Ils en cherchèrent la signification permanente et le sens idéal ; où les uns virent des contes et des fables, les autres virent des symboles. […] Au lieu de présenter à ses oreilles les conques sonores où l’on entend le murmure d’une mer idéale, ils l’assoieront au bord des flots mêmes pour qu’elle en écoute la rumeur et qu’elle y mêle sa voix.
Cela est si vrai que transplantée dans des pays, en des temps où l’idéal était moins raffiné, où la société était moins polie ou plus démocratique, elle a dépéri comme une fleur délicate exposée aux intempéries d’un climat plus rude. […] Si, pendant un siècle, elle fit son tour d’Europe en séduisant les aristocraties de tout pays, elle le dut en grande partie à ce qu’elle offrait des tableaux de mœurs et des façons de parler qui pouvaient passer pour l’idéal de la société polie. Le même idéal inspire alors la poésie épique. […] Conséquence extrême, mais logique, de l’idéal aristocratique que poursuivit toujours et réalisa parfois notre tragédie classique !