Elleseurent les honneurs des prix-Montyon de cette année, et obtinrent de la bouche du plus éloquent des académiciens2 ces éloges délicats qui, même sobrement donnés, sont un à-compte de gloire, et qui, cette fois, s’épanchèrent plus abondamment que de coutume. […] Il eut l’honneur d’être le premier académicien nommé dans ces conditions ; car jusqu’alors (à moins d’être évêque) tout académicien était censé résider à Paris.
Le feu de l’honneur et celui du génie irrité ne se recèlent pas ainsi durant cinquante ans : « Ces belles flammes veulent le jour. […] Croirait-on, à les voir couverts de cheveux blancs, de croix d’honneur, de lunettes d’or, de toges et d’habits brodés, fiers, bien nourris, maîtres de cette société qu’ils administrent, qu’ils jugent et qu’ils grugent…, croirait-on que leurs calculs sont dérangés, que leur sommeil est troublé par le bruit du fouet dont ils ont eux-mêmes armé un pauvre petit diable sans nom, sans fortune et sans talent… ?
Non ; c’est là un honneur de la civilisation tant malmenée par M. […] C’est un titre d’honneur à M.
Puycerda, évacué par les troupes ennemies, reçoit avec joie les Français : « Pour reconnaître ce bon accueil, pour discréditer, autant que possible, les calomnies que les moines espagnols ne cessaient d’exhaler contre nous, et donner en même temps aux Catalans un gage de notre respect pour le culte catholique, le premier soin du représentant fut d’aller, accompagné du général d’Arbonneau, à l’église principale, rendre grâces à Dieu du succès de nos armes. » Honneur à ce représentant Cassanyes pour cet acte de civilisation et de bon sens ! […] Arrivé à Paris, il va nous présenter l’exemple, peut-être unique alors, d’un général dénoncé et suspendu, qui se justifie, trouve grâce aux yeux de la Convention, et, au lieu d’être dévoré par le Sphinx ou le Saturne révolutionnaire, est renvoyé à son armée avec accroissement de confiance et d’honneur.