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648. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Il s’estimerait à jamais heureux de s’enchaîner comme traducteur à quelque illustre classique des premièrs âges : « Qui ne sait, s’écrie-t-il, que Caro vivra autant que Virgile, Monti autant qu’Homère, Bellotti autant que Sophocle ? […] Et pourtant, auprès de ce que tu la vois aujourd’hui, elle était alors heureuse, maîtresse et reine. […] On ne saurait, en France, comparer ce privilège heureux de l’Italie140 à nos efforts estimables et incomplets d’archaïsme studieux. […] Il croyait que là seulement l’homme avait eu une vue simple des choses, un déploiement heureux et naturel de ses facultés. […] Parmi les érudits, dit-il à la fin de sa préface, dont les conjectures heureuses m’ont profité, est le comte Jacques Leopardi, que je me plais à signaler à mes compatriotes comme l’un des ornements actuels de l’Italie, comme l’une de ses futures et de ses plus certaines espérances.

649. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Nous ne rencontrons point sur notre route d’images extraordinaires, soudaines, éclatantes, capables de nous éblouir et de nous arrêter ; nous voyageons éclairés par des métaphores modérées et soutenues ; Jonson a tous les procédés de l’art latin ; même quand il veut, surtout en sujets latins, il a les derniers, les plus savants, la concision brillante de Sénèque et Lucain, les antithèses équarries, équilibrées, limées, les artifices les plus heureux et les plus étudiés de l’architecture oratoire119. […] Ils chuchotent dans un coin, pendant que l’on redit tout haut : Vis longtemps et heureux, César, grand et royal César ; Que les dieux te conservent, et conservent ta modération, Ta sagesse et ton intégrité. […] C’est une pensée heureuse, Et digne de César. […] Sans enfants ni parents, jouant le malade, il fait espérer son héritage à tous ses flatteurs, reçoit leurs dons, « promène la cerise le long de leurs lèvres, la choque contre leur bouche, puis la retire140 », heureux de prendre leur or, mais encore plus de les tromper, artiste en méchanceté comme en avarice, et aussi content de regarder une grimace de souffrance que le scintillement d’un rubis. […] Heureux, heureux homme que je suis !

650. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Heureux, dans sa médiocrité, de n’avoir point à hésiter entre deux devoirs également impératifs : — la liberté de son travail et le remboursement d’immenses dettes dont la responsabilité pèserait sur sa plume, — il est libre, donc il est heureux. […] L’éducation de ce plus grand des hommes avait été l’heureux chef-d’œuvre de sa vie. […] Il était puissant sur les Athéniens, riche, heureux, occupé de ses travaux, couvert des reflets de la gloire de son élève. […] « Il a beau interdire tous plaisirs à ses guerriers, il n’en prétend pas moins que le devoir du législateur est de rendre heureux l’État tout entier ; mais l’État tout entier ne saurait être heureux, quand la plupart ou quelques-uns de ses membres, sinon tous, sont privés de bonheur. […] En fait de bonheur, il en est tout autrement ; et si les défenseurs mêmes de la cité ne sont pas heureux, qui donc pourra prétendre à l’être ?

651. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Je suis heureux d’avoir obtenu, pour les idées que j’aime, l’assentiment d’un public nombreux et grave dans cette ville d’intelligence et de liberté. […] Quand donc nous parlons d’expression humaine de la notion divine, nous entendons une idée analogue à celle que Shelley a radieusement exprimée : Ô terre heureuse, réalité de ciel ! […] Heureuse condamnation ! […] Alors le dogme lui-même s’altère, tombe, en de folles débauches de sensualité où la foi s’énerve, où le devoir d’être heureux oublie son principe certain et son orientation vers l’infini. […] Elle pleure depuis dix-huit siècles. — Les deux existences de Marie-Madeleine, c’est la vie ancienne et c’est la vie moderne, toutes les Vénus heureuses et rieuses et puis toutes les Madones douloureuses.

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