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173. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Que Pascal en cela obéit à ses habitudes et à ses inclinations de génie, et qu’il se souvînt qu’il était lui-même géomètre, je ne le crois pas : il ne faisait qu’assigner les rangs selon ce qu’il estimait être la capacité la plus forte et la plus élevée. […] Arago, la petite colonie algérienne avait l’habitude de se rendre dans un enclos voisin du lazaret, ou était renfermée une très belle gazelle appartenant à M.  […] Arago a été, dans quelques-uns de ses premiers travaux élevés, l’un de ceux qui purent réclamer sans crainte le suffrage de ces huit ou dix juges, et il l’a obtenu : mais ce suffrage lent, froid et grave, émané des seuls êtres pensants, ne pouvait lui suffire dans l’habitude, et les qualités de l’expositeur habile, puissant, infatigable, toujours écouté et souvent applaudi, se substituèrent insensiblement en lui à celles de l’inventeur, de celui qui gravit seul les sommets encore inexplorés.

174. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Il avait des facultés naturelles très remarquable pour la poésie et le bel esprit : « C’était, a dit de lui l’exact et honnête abbé de Marolles, l’un des plus beaux naturels du monde pour la poésie, et de qui les bons sentiments de l’âme égalaient la gaieté de l’humeur. » Tallemant lui reproche une outrecuidance et une habitude de vanterie qui est un des caractères de la littérature de ce temps-là ; mais Saint-Amant ne paraît point avoir poussé ce défaut aussi loin qu’un Scudéry, et il n’en resta pas moins avant tout un bon vivant. […] Attaché au duc de Retz avec qui il séjourna à Belle-Îles, s’y gorgeant de vin et de bonne chère ; attaché ensuite au comte d’Harcourt avec qui il fit de longs voyages maritimes, et dont il célébrait verre en main les exploits, il prit des habitudes dont son talent ne put désormais se séparer. […] Un assez agréable sonnet est celui où Saint-Amant se représente fumant (il avait pris en mer l’habitude du tabac) et rêvant sur la destinée : Assis sur un fagot, une pipe à la main, Tristement accoudé contre une cheminée… Ses espérances montent avec la fumée du tabac et s’éteignent en même temps que la cendre.

175. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Ce qu’était Buffon dans l’habitude de la vie, dans le train et le ton ordinaire de sa pensée, on le sait à présent, et l’on peut s’en faire une idée exacte, sans exagération, sans caricature. […] Aussi cette Correspondance nous rend-elle le plus sincère et le plus véridique témoignage de ses mœurs, de ses habitudes d’esprit, de sa manière d’être et de sentir. […] c’est un mot qui jure avec l’habitude et avec l’essence même de Buffon.

176. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Toutefois encore, on put remarquer dans le langage éloquent de cette muse éplorée les habitudes de sa vie première et la force de ses inclinations chéries. […] Il fallait alors, renonçant à des habitudes recueillies et solitaires, dépouillant, pour ainsi dire, les bandelettes et les voiles antiques, se mêler aux flots de cette génération active, mouvante, orageuse, s’y plonger hardiment, et n’en sortir aux instants de méditation que pour bientôt s’y replonger encore. […] Mais, en se tournant de bonne heure vers le théâtre, l’auteur des Vêpres siciliennes et des Comédiens s’est fait une route qui est bientôt devenue pour lui la principale, une carrière où, invité plutôt qu’entraîné par beaucoup des qualités et des habitudes littéraires de son esprit, il a su constamment les combiner, les diriger à bien sans jamais faire un faux pas ; où il a suivi d’assez près, bien qu’à distance convenable, les exigences variées du public, et n’a cessé de lui plaire, sans jamais forcer la mesure de la concession.

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