De tous ces noms de baptême que je viens d’énumérer, le seul qui lui fût resté dans l’habitude était celui de Julie transformé en Juliette, quoiqu’il ne dût jamais y avoir de Roméo. […] Ce fut en 1807, au château de Coppet, chez Mme de Staël, que Mme Récamier vit le prince Auguste de Prusse, l’un des vaincus d’Iéna ; elle l’eut bientôt vaincu et conquis à son tour, prisonnier royal, par habitude assez brusque et parfois embarrassant. […] Elle écrivait peu ; elle avait pris de bonne heure cette habitude d’écrire le moins possible ; mais ce peu était bien et d’un tour parfait.
Voilà une occasion de regarder de près une de ces images fraîches au moment même où elle descend dans le mécanisme de notre pensée et s’incorpore à l’habitude de notre langage. […] Quand il veut faire travailler à Pauline La logique de Condillac, lui faire apprendre par coeur L’art poétique de Boileau, dont il dira ensuite pis que pendre, ses conseils partent évidemment d’un fonds moins important, moins vraiment stendhalien que lorsqu’il veut lui faire prendre, en 1805, l’habitude d’analyser les personnes qui l’entourent (« l’étude est désagréable, mais c’est en disséquant des malades que le médecin apprend à sauver cette beauté touchante ») ou lorsqu’il contracte dans ses premières relations montaines l’aptitude à traduire par une algèbre psychologique les valeurs les unes dans les autres (" notre regard d’aigle voit, dans un butor de Paris, de combien de degrés il aurait été plus butor en province, et, dans un esprit de province, de combien de degrés il vaudrait mieux à Paris. " ) c’est à cette époque que Stendhal s’accoutume (héritier ici de Montesquieu qui ne paraît point, je crois, dans ses lectures) à rattacher instantanément un trait sentimental à un état social, à mettre en rapport par une vue rapide le système politique d’un pays avec ses façons de sentir. […] L’amour parfait arrive à noyer les instants de la possession charnelle dans une telle constance et une telle habitude de possession générale qu’ils cessent presque d’être des instants privilégiés, et ne participent plus qu’à ce privilège général d’une vie nombreuse, élastique et tendue, qu’ils relient ces « conversations » tout autant que ces conversations les relient.
On ne le louait pas seulement, comme on loue tous les princes, par intérêt, par reconnaissance, par flatterie, par habitude, par vanité ; on le louait encore par admiration et par enthousiasme. […] Tous ceux qui prêchaient, prirent l’habitude de louer. […] Par une loi éternelle, tout prince doit naître, vivre, mourir, et être enterré au bruit des éloges : l’habitude, la reconnaissance et le respect satisfirent à tout.
Addison revêtit ce costume et le porta avec correction et avec aisance, passant sans difficulté d’une habitude à une habitude semblable et des vers latins aux vers anglais. […] Il ne peut souffrir les habitudes évaporées ou oisives. […] En pareil sujet, ces habitudes choquent. […] Les campements des anges, leurs habitudes de chapelle et de caserne, leurs disputes d’école, leur style de puritains aigres ou de royalistes dévots n’ont pour lui rien de faux ni de désagréable. […] Elle renferme un bon sens incisif, l’habitude de se contenir, des façons d’homme d’affaires, mais par-dessus tout un fonds d’invention énergique.