Un coup de sabre qu’il avait reçu en Russie l’avait balafré à la façon d’un héros ; cette éclatante blessure relevait sa mâle beauté. […] dis-je à mes amis, M. de Parseval, M. de Capmas et M. de Laroyère, qui m’accompagnaient, quoique nous soyons si loin des nouvelles de Nantes et de Paris, je puis par hasard vous dire le nom de ces deux héroïnes: l’une est la marquise de L…, et celle qui portait un poignard passé dans sa jarretière est mademoiselle de Fauveau. — Et comment le savez-vous, me répondirent mes trois amis, puisque nous n’avons depuis trois mois d’autres nouvelles de France que ces feuilles de journaux dont les auteurs ignorent eux-mêmes les noms de ces héroïques aventurières ?
Théodore de Banville Avec son jeune visage apollonien, et son menton ombragé d’un léger duvet frissonnant que n’a jamais touché le rasoir, rien n’empêcherait ce jeune poète d’avoir été le prince Charmant d’un des contes de Mme d’Aulnoy, ou mieux encore d’avoir été dans la Sicile sacrée, à l’ombre des grêles cyprès et du lierre noir, Damoitas ou le bouvier Daphnis, jouant de la Syrinx et chantant une chanson bucolique alternée, si ses yeux perçants et calmes, et sa lèvre féminine, résolue, d’une grâce un peu dédaigneuse, n’indiquaient tous les appétits modernes d’un héros de Balzac. […] Il vous fallait un héros, comme à Byron : vous avez, l’un des premiers, reconnu le génie de Richard Wagner ; son apothéose éblouissante n’est pas le moindre de vos titres à la gratitude des artistes et à la gloire qu’elle vous donne !
Le but de ces harangues burlesques est d’ailleurs d’en rendre les héros ridicules : et à qui donc la France irait-elle emprunter l’arme du ridicule ? […] Dans l’histoire, nous faisons passer les particularités avant la moralité ; nous cherchons l’individu sous le héros, et nous sommes plus curieux de ce qui diminue l’autorité des grands exemples que de ce qui peut y ajouter.
Soudain, étourdissant le prélude vermeil Un cor de guerre ulule, et sous les forêts mûres La horde des Héros dardant l’or des armures Déferle en cavalcade en le los du soleil : Lohengrin, Tannhaeuser, et Parsifal le Chaste, Dont les pennons de pourpre ondulent avec faste, Chevauchent aux clameurs des cymbales d’airain ! […] Il a écrit de belles pages sur ce Lohengrin ; à plusieurs reprises, et toujours plus profondément, il a entrepris l’analyse psychologique de son héros ; mais il faut bien admettre que dans le drame il n’y a rien de tout cela ; nous savons maintenant pourquoi.