Bertrand de Born, ce châtelain de Hautefort, en guerre avec ses voisins, en alliance avec le fils rebelle du roi d’Angleterre, est un poëte de la famille du séditieux Alcée ou de l’injurieux Archiloque. Il a comme le premier la passion de la guerre, l’amour des belles armes et du luxe dans les combats : il est implacable comme le second ; et ses sirventes ne font pas des morsures moins profondes que les ïambes du poëte grec. […] Elle ne nous représente pas seulement le chœur antique, ce long hymne de la tragédie grecque ; elle renouvelle cette épode rapide et sanglante, ce sévère anathème du génie, que lançait la muse irritée et qui ressemblait à la terrible marche de guerre des Crétois, sous le son de la lyre.
Une autrefois, dans une revue de troupes, dans une petite guerre, il y eut un accident, je ne sais quelle funeste méprise. […] Mais d’autres événements, bien imprévus, se précipitèrent : en moins d’un an, la guerre avec la Russie était résolue et sur le point d’éclater.
Le vaillant maréchal avait-il reçu, dès son arrivée sur le théâtre de la guerre dans l’après-midi du 15, et de là bouche de Napoléon, l’ordre formel de se diriger aux Quatre-Bras et de les occuper au plus vite avant la nuit, pendant que cette position ne pouvait être encore que peu disputée ? […] Ce phénomène de guerre des plus singuliers est expliqué par l’historien à l’entière et triste satisfaction du lecteur.
On a beau calculer profondément à la guerre, il y a toujours et surtout le hasard des combats, et il suffit d’un rien pour faire pencher la balance. […] Et puis, quand toute cette troupe, ces 10,000 hommes de superbe cavalerie, dans la main du plus brave des hommes, plus furieux et plus enragé d’héroïsme à cette heure suprême qu’on ne l’avait jamais vu en aucune rencontre, eurent chargé et rechargé maintes fois, eurent fait des miracles, eurent ouvert mainte et mainte brèche dans les rangs de la plus tenace des infanteries et en face du plus inébranlable des chefs de guerre dont la grandeur dans l’histoire est d’avoir résisté et vaincu ce jour-là ; quand Ney, après des heures tumultueuses que nulle montre exacte n’a comptées, se sentit à bout d’efforts, son quatrième cheval tué sous lui, à pied, son habit percé de balles et lui-même là-dessous comme invulnérable, il avait envoyé son aide de camp Heymès demander à Napoléon ce renfort d’infanterie, et Napoléon avait fait la réponse désespérée, inexorable.