Colonies grecques de l’Italie et de la Sicile.
Comment chez les Grecs la philosophie sortit de la législation.
Je ne sais trop si M. de Meilhan est exact en ce point et si l’on peut dire que l’Antiquité grecque et romaine ressemble à un génie mort jeune et intercepté avant le temps : il me semble au contraire que les Grecs, et les Romains qu’en ont hérité, ont eu leur cours naturel d’existence et leur âge tout rempli ; qu’ils ont eu, eux aussi, leur épuisement et leur décadence sous des formes monstrueuses ou subtiles, et que, si la civilisation avait à être utilement continuée et renouvelée, ce ne pouvait plus être à la fin par eux. Les Meilhan de Rome ou de Byzance auraient pu nous dire quelque chose de ce caractère sexagénaire du monde grec ou romain, de l’ennui, « ce cruel ennemi de l’homme policé », et de tous les raffinements de vices et de folies qu’il entraîne.
Les Grecs nous haïssaient comme ennemis de ces mêmes Busses qu’ils vénèrent presque jusqu’à l’idolâtrie ; d’ailleurs ils étaient révoltés de ce que nous ne fréquentions pas leur église, que nous n’observions pas leurs fêtes et leurs jeûnes ; ils nous traitaient à cause de cela d’excommuniés, ce qui est parmi eux le comble de toutes les insultes. […] Des enfants grecs nous lapidaient chez nous comme dans la rue. […] Parmi les Grecs, à peine ai-je trouvé un homme qui en fût révolté, et les prêtres, dont le fanatisme égale l’ignorance, se montraient nos plus grands ennemis. » À un moment où l’on apprend qu’ils ont reçu de leurs amis de Constantinople quelque somme d’argent, on semble changer de procédés à leur égard, ou plutôt la vexation se déplace ; les croyant riches, au lieu de les charger de pierres on les poursuit, on les agonise de demandes exigeantes ; c’est à qui mendiera près d’eux et leur arrachera quelques pièces de monnaie.