Vous connaissez les belles strophes, souvent citées : La terreur de son nom rendra nos villes fortes, On n’en gardera plus ni les murs ni les portes, Les veilles cesseront au sommet de nos tours, Le fer mieux employé cultivera la terre, Et le peuple qui tremble aux frayeurs de la guerre, Si ce n’est pour danser n’orra plus les tambours… Jamais encore — si assurément, dans les vers de Ronsard, ou de Desportes même, on avait senti passer des caresses plus légères, un frisson plus voluptueux, quelque chose de plus ailé, — jamais la poésie n’avait parlé chez nous une langue plus pleine, plus ferme, plus mâle, disons plus fière et plus forte de sa seule justesse… Mais ce n’est pas plus du poète que de l’homme qu’il s’agit aujourd’hui pour nous ; et ce que nous proposons d’étudier uniquement en Malherbe, c’est le versificateur, c’est le grammairien, c’est aussi le critique. […] Nous nous garderons donc d’abonder dans notre sens propre. […] Mais il n’en doit pas moins garder l’honneur d’avoir, le premier, considéré l’histoire de la littérature dans la totalité de sa suite ; de l’avoir ainsi traitée pour elle-même, en elle-même, comme capable de se suffire ; et d’avoir enfin, par là, frayé les voies à une critique plus large, et autre que la sienne… Arrêtons-nous ici. […] Mais il faut connaître aussi leur famille, leurs ascendants ou leurs descendants, le père et la mère de Molière, Jean Poquelin, bourgeois de Paris, et Marie Cressé, sa femme ; ou les fils de Racine, si peut-être leur père, ayant gardé tout le génie pour lui, ne leur a légué de lui-même que les moins précieuses parcelles.
« Les soldats étaient assis et gardaient leurs rangs ; le seul Thersite, intarissable parleur, prolongeait le tumulte ; son esprit était fertile en impudentes apostrophes ; sans cesse, avec effronterie, et défiant toute honte, il outrageait les chefs afin d’exciter le rire de la multitude.
Peut-être donnerais-je la palme à Alfred de Vigny, tout pénible et court d’haleine qu’il puisse être, pour quelques vers, singulièrement sincères, profonds et humains qu’il a écrits dans ses moments heureux et pour l’admirable attitude qu’il a gardée dans toute sa vie.
Chapitre VIII : résumé Eh bien, c’est cet imperturbable sérieux, qui se retrouve partout dans la vie de Gœthe et que tout le monde a gardé avec Gœthe, même quand il hasarde des bouffonneries de cette force… d’étoiles, c’est ce sérieux qui a fait de Gœthe ce qu’il est, — c’est-à-dire une momie morale, qui n’a jamais vécu et dont on veut faire un grand homme !