Ils gardent la forteresse. […] Vigny connaît d’abord et admire « l’attitude de ses ancêtres » : on l’invite à la garder. […] Elles gardent aujourd’hui les moutons. […] Dès qu’il n’est pas indispensable de modifier la leçon des manuscrits, gardons-la. […] Tout son effort, il le consacre à se garder en bel état pour les accueillir.
J’ai gardé pour la fin les héros du livre, la brune madame de Trémeur et son ami très intime, M. […] Gardez-vous d’ailleurs de vous indigner, de discuter, de vous passionner pour ou contre telle assertion ! […] Il gardait par devers lui un fond de tendresse pour les aspirations de ceux que ne satisfait pas le régime actuel de la société. […] Il est connu pour un criminologiste distingué ; il ne s’est pas assez défié de ses habitudes de pensée ; il a gardé, lui aussi, le pli professionnel. […] qu’il ne puisse plus même garder l’indifférente tranquillité de la science ?
Tout changeait autour de lui, Fritz Kobus seul ne changeait pas ; tous ses anciens camarades montaient en grade, et Kobus ne leur portait pas envie ; au contraire, lisait-il dans son journal que Yéri Hans venait d’être nommé capitaine de hussards, à cause de son courage ; que Frantz Sépel venait d’inventer une machine pour filer le chanvre à moitié prix ; que Pétrus venait d’obtenir une chaire de métaphysique à Munich ; que Nickel Bischof venait d’être décoré de l’ordre du Mérite pour ses belles poésies, aussitôt il se réjouissait et disait : « Voyez comme ces gaillards-là se donnent de la peine : les uns se font casser bras et jambes pour me garder mon bien ; les autres font des inventions pour m’obtenir les choses à bon marché ; les autres suent sang et eau pour écrire des poésies et me faire passer un bon quart d’heure quand je m’ennuie… Ah ! […] je vous le dis, c’est un grand plaisir de traiter ses vieux amis, et de penser : « Cela recommencera de la sorte d’année en année, jusqu’à ce que le Seigneur Dieu nous fasse signe de venir, et que nous dormions en paix dans le sein d’Abraham. » Et quand, à la cinquième ou sixième bouteille, les figures s’animent, quand les uns éprouvent tout à coup le besoin de louer le Seigneur, qui nous comble de ses bénédictions, et les autres de célébrer la gloire de la vieille Allemagne, ses jambons, ses pâtes et ses nobles vins : quand Kasper s’attendrit et demande pardon à Michel de lui avoir gardé rancune, sans que Michel s’en soit jamais douté, et que Christian, la tête penchée sur l’épaule, rit tout bas en songeant au père Bischoff, mort depuis dix ans, et qu’il avait oublié ; quand d’autres parlent de chasse, d’autres de musique, tous ensemble, en s’arrêtant de temps en temps pour éclater de rire : c’est alors que la chose devient tout à fait réjouissante, et que le paradis, le vrai paradis, est sur la terre. […] « Je n’aurais jamais cru me rappeler d’une seule note, se dit-il ; c’est étonnant comme ce vieux clavecin a gardé l’accord ; il me semble l’avoir entendu hier. » Et se baissant, il se mit à tirer les vieux cahiers de leur caisse : le Siége de Prague, la Cenerentola, l’ouverture de la Vestale, et puis de vieilles romances d’amour, de petits airs gais, mais toujours de l’amour : l’amour qui rit et l’amour qui pleure : rien en deçà, rien au-delà ! […] Je la gardais pour la fête de Christel, mais nous pouvons bien la boire aujourd’hui. » On entendit au même instant le fouet claquer dehors, et Zaphéri, le garçon de ferme, s’écrier : « En route !
S’il arrive donc que nous ne devions plus rien produire qui soit dû à nos propres efforts, sachons garder le souvenir des œuvres vénérables qui nous ont initiés à la poésie, et puisons dans la certitude même de leur inaccessible beauté la consolation de les comprendre et de les admirer. […] Gardons-nous de croire, comme la multitude des esprits superficiels, que le grand artiste ne possède cette vision complète de la beauté objective qu’au détriment de la réflexion. […] À vrai dire, peu m’importait, et j’eusse mieux fait de garder le silence ; mais ce qui est commencé sera achevé. […] Les poètes dignes de ce titre, ceux que nous aimons, se gardent bien d’être d’habiles artistes.