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512. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

J. de Strada, hier encore inconnu, et génie entrant aujourd’hui vivant dans l’immortalité, nous offre les premiers fragments d’une œuvre géante, d’une épopée colossale qui sera pour notre pays le pendant de l’œuvre de Dante pour l’Italie du xive  siècle, avec cette différence que la Divine comédie a seulement quinze mille vers, tandis que l’Épopée humaine en a déjà cent mille et en aura quatre fois autant. […] Et, pourtant, quel étrange et quel puissant génie que celui de l’auteur de l’Épopée humaine  ! J. de Strada, comme Leconte de Lisle, est un témoin qui raconte le passé et qui communique aux faits un peu du phosphore que son génie lui a mis aux doigts, de ce phosphore dont parle Joubert.

513. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

Ses Ouvrages, presque tous au dessous du médiocre, ont eu le sort qu’ils méritoient ; leur foiblesse n’a pu soutenir l’analyse du temps, qui dévore tout ce qui n’est pas marqué au coin du Génie. […] Ce n’est pas en qualité de Géometre que Pascal est regardé comme un Génie dont le nom se soutient avec gloire dans la Postérité : tant d’autres, plus habiles que lui* en ce genre, n’ont pas le même avantage ! C’est pour nous avoir laissé des Lettres qui sont un chef-d’œuvre d’éloquence ; pour avoir enrichi l’esprit humain de pensées profondes, fortes & sublimes ; pour avoir lancé, dans cinq ou six traits de plume, plus de lumiere & de génie qu’on n’en trouve dans tout ce qui paroît accumulé avec tant d’effort dans des volumes de Mélanges de Littérature, d’Histoire, & de Philosophie.

514. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

La préface de la première édition du Génie du christianisme se termine par une citation (supprimée depuis) où Bonaparte est comparé à Cyrus. […] Il est fort à craindre en effet que quand on aborde la politique à ce point de vue, dans ces dispositions d’un génie désœuvré qui veut faire absolument quelque chose et se désennuyer en s’illustrant, on n’y cherche avant tout des émotions et des rôles. […] Rien de plus opposé au génie politique, lequel, au contraire, cherche à tirer le meilleur parti des situations les plus compromises, et ne jette jamais, comme on dit, le manche après la cognée. […] Persuadé que le génie militaire n’est autre que le génie de la France, et se flattant d’avoir réconcilié avec lui la Restauration, M. de Chateaubriand considéra cette guerre d’Espagne comme le plus grand service qu’il pût rendre à la monarchie. Elle lui fit l’effet d’être dans sa carrière politique ce que le Génie du christianisme avait été dans sa carrière littéraire ; il l’appelait aussi son René en politique, c’est-à-dire son chef-d’œuvre.

515. (1861) La Fontaine et ses fables « Conclusion »

Car le génie n’est rien qu’une puissance développée, et nulle puissance ne peut se développer tout entière, sinon dans le pays où elle se rencontre naturellement et chez tous, où l’éducation la nourrit, où l’exemple la fortifie, où le caractère la soutient, où le public la provoque. […] Plus il pénètre dans son art, plus il a pénétré dans le génie de son siècle et de sa race. […] Selon que cet esprit est passager, séculaire, éternel, l’oeuvre est passagère, séculaire, éternelle, et l’on exprimera bien le génie poétique, sa dignité, sa formation et son origine en disant qu’il est un résumé.

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