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919. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Quoi qu’il en fut des formes simples de l’hymne primitif, le rhythme dut varier bientôt et se prêter à tous les mouvements que l’élan de l’imagination, l’émotion du chant, le concert des voix, le tressaillement de la foule qui leur répond, pouvaient imprimer au poëte.

920. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Une foule d’honnêtes personnes se révoltent contre de telles théories, crient au fatalisme et au matérialisme, et prétendent qu’on veut attenter à leur liberté morale. […] Il est plus que probable qu’ils seraient restés confondus dans la foule innombrable et anonyme des amants qui ont eu une fin tragique, et que les poètes anciens n’auraient pas pris la peine de nous la conserver. […] S’ils ont le temps de se revoir, s’il leur est donné de mourir ensemble, leur histoire sera celle d’une foule d’autres amants tragiques, mais ce ne sera plus la légende à laquelle ils ont donné leur nom ; le pathétique propre à leur triste aventure disparaîtra, la tragédie de leur amour ne sera plus ni aussi intense ni aussi poignante. […] Les beaux visages d’hommes et de femmes s’y montraient en profusion, et nous vîmes mêlés à la foule un grand nombre d’habitants du quartier de l’Orgueil, qui étaient venus pour s’y faire complimenter et adorer. […] Je vis des foules innombrables d’individus qui festoyaient avec toute sorte de bonnes choses entassées devant eux.

921. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Trop occupée, trop appliquée, trop asservie au labeur de la vie quotidienne, incapable d’analyser son plaisir et d’en reconnaître la qualité, la foule court toujours à l’appel de ceux qui la flattent ; et les charlatans de l’art ou de la littérature le savent bien. C’est précisément affaire à la critique de penser ou de juger pour la foule. […] Et, comme il n’y en a pas de plus grandes à ses yeux que celles qui touchent à la vie morale, celles d’où dépendent la conduite — et conséquemment le progrès — c’est pour cela qu’on a pu dire que son « christianisme » avait éloigné de lui la foule des lecteurs français. […] Il ne s’adresse point à des curieux, mais à la foule, et ce qu’il faut qu’il touche, qu’il intéresse et qu’il remue, c’est l’âme commune des foules. […] Mais au théâtre, c’est au public, encore une fois, c’est à la foule que l’on s’adresse, et conséquemment ce ne peut être qu’à ce qu’il y a de plus commun, j’entends de plus général en elle.

922. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Il faisait des vers, en effet, comme il faisait toutes choses, mais moins bien qu’une foule de choses qui, dans ses œuvres, laissent pourtant beaucoup à désirer. […] Et une foule d’autres. […] Ne le privons donc pas de la seule chose grande qui soit vraiment à lui, et qui le tire de la foule des esprits si profondément faux en tout de son siècle. […] Villemain (l’un des premiers), Lerminier, Sainte-Beuve, Janin, Damiron, et plus tard Bersot, Vinet, Barny et une foule d’autres, parlèrent de Diderot comme le xviiie  siècle, qui n’avait la bouche pleine que de son Voltaire et de son Rousseau, n’en avait jamais parlé.

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