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8. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

Elle avait une fortune de cent quatre-vingts millions. […] Et, soit dit en passant, il est remarquable que de telles révélations, et sur des choses d’un ordre si privé, puissent être faites par les journaux, et que celle-là en particulier, si propre à étonner les pauvres et à les induire en de mauvais sentiments, nous ait été apportée par une gazette dont l’emploi ordinaire est de défendre ce qui nous reste du vieil ordre social et, spécialement, l’aristocratie du nom et celle de l’argent et leurs conjonctions si intéressantes… Une fortune de cent quatre-vingts millions, si elle n’a pas été mal acquise, n’a pu être acquise pourtant que par la spéculation, qui est une forme du jeu et qui, étant la recherche du gain sans travail, est, aux yeux d’un chrétien, sur la limite extrême des choses permises. Je ne dis rien de plus et ne vous répéterai pas la phrase de Bourdaloue sur les commencements des grandes fortunes. […] Mais en réalité, c’est encore moins, s’il est vrai que la proportion entre la part de jouissance légitime et la part d’aumône chrétiennement due soit fort différente, et même inverse, dans un avoir familial de cent quatre vingt mille francs et dans une fortune de cent quatre-vingts millions. […] Au reste ce détail, et aussi le formidable total de sa fortune, ont été connus trop tard pour arrêter les premières manifestations de l’admiration et du deuil publics.

9. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

L’attrait qu’un travail où nous pousse notre génie, a pour nous, aide beaucoup à vaincre ces dégoûts, comme à résister aux distractions : mais il est bon encore que le desir de faire fortune vienne au secours de l’impulsion de notre génie. […] Si la fortune d’un jeune homme, loin de le porter à un travail assidu, concourt avec la legereté de son âge pour le distraire du travail : qu’augurer de lui, sinon qu’il laissera passer le temps de former ses organes sans le faire ? […] Il est donc heureux pour la societé, que les jeunes poëtes soient déterminez par leur fortune à un travail assidu. Je n’entens point par necessité de faire fortune, la necessité de subsister. […] Mais ces peines et ces contradictions ne sont point capables de dégoûter de la poësie un jeune homme qui tient sa vocation d’Apollon même, et qu’excite encore le desir de se faire un nom et une fortune.

10. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Mon père lui confia les projets qu’il avait pour son avenir et qui eussent conduit Honoré à la fortune ; mais la fortune était alors le moindre de ses soucis. […] À quoi bon la fortune et les jouissances quand ma jeunesse sera passée ? […] Il veut tenter la fortune par une grande entreprise. […] Il échoue et perd les deux fortunes. […] Elle est jeune, elle est libre, elle a une fortune indépendante qui ne se calcule que par millions de revenu.

11. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Rousseau ; et le monde inintelligent aurait accusé leur mauvaise fortune : c’est leur imparfaite nature qu’il fallait accuser. […] Ce coup parut abattre son courage ; il s’adressa au duc de Ferrare pour prévenir ce larcin de sa gloire et de sa fortune. […] Elle espérait que ce frère, si chéri d’elle dans son enfance, protégerait un jour de sa fortune et de son crédit ses petits enfants. […] Plût à Dieu, repris-je, que la fortune, qui m’envoie aujourd’hui un si noble guide, me fût aussi favorable dans toutes les autres circonstances ! […] J’aurais mieux aimé, reprit-il, devoir cette faveur à votre volonté qu’à la fortune ; mais enfin, quoiqu’il en soit, j’aurai le plaisir de vous donner l’hospitalité.

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