Pour se dédommager du peu de succès de son éloquence au Barreau, & réparer les débris de sa fortune qui étoit médiocre, il prit le parti de se mettre aux gages d’un Libraire, & publia volume sur volume, ce qui n’est pas le moyen de faire de bons Ouvrages.
Malgré cela, son Livre a fait une espece de fortune, précisément parce qu’il est original, bizarre, hardi, éloigné de la maniere de penser ordinaire ; moyen assuré de faire impression sur la multitude des Lecteurs inconsidérés.
Il faut cependant convenir qu’il abusoit de sa facilité à faire des Vers ; mais c’est à son peu de fortune qu’on doit attribuer la négligence de son style & les autres défauts qu’on lui reproche.
Il en eut dix-sept enfants, dont deux généraux : — l’un l’aîné, William d’Alton, mortellement blessé le 26 décembre 1800 à la bataille du Mincio, celui même qui a baptisé la place168 ; — l’autre, de dix ans plus jeune, Alexandre d’Alton, qui fit toutes les guerres de l’empire, se distingua notamment à Smolensk et qui est mort général de division en mars 1859169 ; — d’autres fils encore qui coururent toutes les fortunes ; plus quantité de filles dont quelques-unes épousèrent elles-mêmes des colonels, commandants de place, etc. […] William d’Alton, né le 1er janvier 1766, volontaire à quinze ans (avril 1781) au régiment d’infanterie de Berwiek, y avait gagné ses premiers grades lorsque la Révolution éclata ; il eut à subir bien des vicissitudes ; il était en 1793 à l’armée du Rhin, commandée par Beauharnais ; il fit la campagne de 1795 dans l’armée de Rhin-et-Moselle, puis passa dans l’armée de l’Ouest, où il devint aide de camp du général Hédouville ; il l’accompagna à Saint-Domingue en 1798 ; il était estimé de Hoche, sous qui il avait servi en Vendée ; mais cette expédition de Saint-Domingue l’avait retardé dans sa carrière ; il eut quelque peine à se voir confirmé dans le grade de chef de brigade (colonel) que le général Hédouville lui avait conféré dans la traversée ; nommé par le premier consul aux fonctions d’adjudant commandant (titre analogue), employé à l’armée d’Italie, il allait enfin pouvoir se produire sur un théâtre en vue, quand la fortune du premier coup le mit en lumière et le frappa.