Les vices honteux avaient précédé en lui les vices féroces ; au fond de ce cœur il y avait une caverne toute préparée. […] Je ne sache point que quelqu’un, jusqu’ici, se soit mis en peine de chercher dans le fond de son cœur ce qu’il avait de vertu, pour connaître ce qu’il méritait de liberté. […] Elle n’était pas impossible à ses yeux, moyennant des institutions draconiennes, soutenues pendant longtemps de la guillotine en permanence : il se réservait tout un lointain de clémence et d’âge d’or dans le fond. […] Ici le fanatisme reparaît et se donne carrière ; il s’agit, en effet, de refaire un pays de fond en comble, d’infuser dans les veines de tous ce qui n’est que le délire et la fièvre de quelques-uns.
Que l’on suppose Mme Bovary transportée en réalité dans le milieu qu’on lui voit rêver, qu’au lieu d’être la fille du père Rouault, le fermier des Aubrays, elle soit issue de parents aristocrates et millionnaires, qu’au lieu d’être l’épouse d’un officier de santé dans un petit village normand, elle soit la femme d’un grand seigneur, et vive dans une atmosphère de fêtes, de luxe et de galanterie et la voici, toujours la même prenant en aversion ces réalités voisines, méprisant ces joies, artificielles, dont la vanité fait le fond, ces passions libertines, auxquelles le cœur n’a point de part, harassée de ces plaisirs forcés et de la contrainte d’un perpétuel apparat, rêvant de quelque vie cachée au fond d’une province, et des joies simples d’une intimité heureuse. […] Par cet exemple, ce fait de se concevoir autre, qu’on le considère comme un pouvoir ou comme une défaillance, s’avère un élément nécessaire ou fatal de l’activité humaine en son fond essentiel. […] Quoi principe hystérique s’élève du fond même de notre nature comme un mode à rebours de notre sensation exaspérée ?
Si tu penses cela comme moi, va donc le dire à tes camarades. » Ici, nous touchons sans doute au fond de notre race, plus guerrière que militaire. […] Le petit-fils du philosophe Jules Lachelier, François Lachelier, mort à dix-neuf ans au champ d’honneur, écrit à sa mère, au matin même du jour où il va être tué (le 8 juillet 1916) : Les gens de ma pièce… matois, finauds, rouspéteurs, frondeurs, toujours prêts à se plaindre de la soupe ou de la guerre ou des officiers, mais au fond bons cœurs et qui savent supporter en blaguant les pires fatigues et se tirer des cas les plus difficiles. […] Il y avait rivalité entre les pièces, à qui ferait les plates-formes les plus horizontales et les circulaires les plus rondes, tous prenant des airs détachés et blasés, mais au fond jubilant dès qu’un compliment est adressé à la pièce, quand le tir est bon, juste et précis. […] Nous nous défendons premièrement contre des monstres, des monstres sensés qui vont au fond de tout, même du crime. » — « Cette race est basse, elle sera vaincue et déshonorée. » Au 19 novembre 1914, il fait cette réflexion : « La plus grande grandeur de cette guerre, il me semble, je la vois dans ceci qu’elle rend immédiat, universel l’ordre de la mort, et possible l’ordre de la justice.
À la renaissance de la peinture au xve siècle, les paysages, comme fond, étaient traités avec beaucoup de soin dans quelques tableaux historiques ; mais ils ne devinrent des sujets mêmes de tableaux qu’au xviie siècle : ce fut la conquête des Lorrain, des Poussin, des Ruysdael, des Karl Du Jardin et de ces admirables Flamands que Töpffer saluait les premiers paysagistes du monde. […] Et ce n’est qu’ainsi qu’on s’explique aussitôt et pleinement, dit-il, pourquoi « l’on voit si souvent le paysagiste, qui est donc au fond un chercheur de choses à exprimer bien plus qu’il n’est un chercheur de choses à copier, dépasser tantôt une roche magnifique, tantôt un majestueux bouquet de chênes sains, touffus, splendides, pour aller se planter devant un bout de sentier que bordent quelques arbustes étriqués ; devant une trace d’ornières qui vont se perdre dans les fanges d’un marécage ; devant une flaque d’eau noire où s’inclinent les gaulis d’un saule tronqué, percé, vermoulu… C’est que ces vermoulures, ces fanges, ces roseaux, ce sentier, qui, envisagés comme objets à regarder, sont ou laids ou dépourvus de beauté, envisagés au contraire comme signes de pensées, comme emblème des choses de la nature ou de l’homme, comme expression d’un sens plus étendu et plus élevé qu’eux-mêmes, ont réellement ou peuvent avoir en effet tout l’avantage sur des chênes qui ne seraient que beaux, que touffus, que splendides ». […] Cependant, peu à peu, il s’enhardira ; et lui qui, au fond de son cœur, peut se dire : Je suis peintre aussi !