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1136. (1900) La culture des idées

Barbey d’Aurevilly a relevé dans George Sand une profusion d’anges de la destinée, de lampes de la foi, de coupes de miel , qui ne furent certainement pas inventés par elle, non plus d’ailleurs qu’aucune partie de son style relavé ; mais les eût-elle imaginés, « ces tropes décrépits », qu’ils n’en seraient pas meilleurs. […] Jadis un homme se levait, bouclier de la foi, contre les nouveautés, contre les hérésies, le Jésuite ; aujourd’hui, champion de la règle, trop souvent se dresse le Professeur. […] Huysmans, nef autour de laquelle se rangent les petites chapelles et plusieurs autels privilégiés, cette partie de théologie sculpturale est réellement supérieure et, le talent réservé pour être loué à part, il faudrait encore admirer la patience de l’auteur, le long d’études compliquées, lentes et troubles, auxquelles rien ne le préparait que la foi et où, finalement, il a dépassé ses maîtres. […] Dans le protestantisme, c’est la foi qui remplace les œuvres en l’un des plateaux de la balance ; on fait avec Dieu le marché qu’il sauvera l’âme qui croit en sa divinité. […] Mais le futur vainqueur de l’Europe rencontrera, non des dialectes sans intensité, mais les langues robustes et résistantes, appuyées sur des littératures anciennes, respectées, vivaces, sur des traditions administratives, sur la foi populaire qui, en certains pays d’Europe, identifie avec beaucoup de raison la langue, la race et la patrie politique.

1137. (1901) Figures et caractères

Nul n’est entré dans l’histoire avec plus d’amour, de désir, de respect et de foi que Michelet, d’une façon plus héroïque et plus filiale. […] Michelet sait tout cela ; c’est alors qu’il est héroïque en sa foi ; il ne sacrifie rien et ne cède pas. […] Quelle amertume pour un Michelet, touché ainsi dans sa foi ! […] Il y a avoué sa triple amertume contre le temps, l’amour et la foi, sa rancune humaine, amoureuse et divine. […] Sa foi n’est pas née d’un programme ministériel et diplomatique.

1138. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

On se met alors à attacher une importance extrême, disproportionnée, à certaines pièces matérielles que le hasard fait retrouver, à y croire d’une foi robuste, à en tirer parti et à les étaler avec une sorte de pédanterie (c’est bien le mot) ; moins on en sait désormais, et plus on a la prétention d’y mieux voir. […] Ce suicide final qu’on raconte de Lucrèce ne lui semblait peut-être qu’un retour d’accès d’un mal ancien : « L’air d’autorité, écrivait-il, ne suffit pas à déguiser ses terreurs ; voyez, il s’en revient pâle comme Dante ; l’armure déguise mal l’émotion du guerrier. » Il croyait discerner, sous cet athéisme dogmatique, comme sous la foi de Pascal, le démon de la peur.

1139. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

« Marat avait, comme Robespierre et comme Rousseau, une foi surnaturelle dans ses principes. […] Ce vieillard pieux n’aurait pas menti pour déshonorer la mémoire d’un confrère dont il avait partagé la faute contre l’Église, mais dont les dispositions posthumes et intéressées ne lui inspiraient ni foi ni estime.

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