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820. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

XVIII La fin de l’humanité, et par conséquent le but que doit se proposer la politique, c’est de réaliser la plus haute culture humaine possible, c’est-à-dire la plus parfaite religion, par la science, la philosophie, l’art, la morale, en un mot par toutes les façons d’atteindre l’idéal qui sont de la nature de l’homme. […] Persuadées qu’elles possèdent le fin mot de l’énigme, ces bonnes âmes sont importunes, empressées ; elles veulent qu’on les laisse faire, elles s’imaginent qu’il n’y a que le vil intérêt et le mauvais vouloir qui empêchent d’adopter leurs systèmes. […] Tout sacrifice de l’individu qui n’est pas une injustice, c’est-à-dire la spoliation d’un droit naturel, est permis pour atteindre cette fin ; car dans ce cas le sacrifice n’est pas fait à la jouissance d’un autre, il est fait à la société tout entière. […] Cela se conçoit du moment que l’on attribue à l’humanité une fin objective (c’est-à-dire indépendante du bien-être des individus), la réalisation du parfait, la grande déification. […] L’unité n’existe qu’à condition que des fonctions diverses concourent à une même fin ; elle suppose la hiérarchie des parties.

821. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Je sais qu’aux yeux de plusieurs cette foi à la science et à l’esprit humain semblera un bien lourd béotisme et qu’elle n’aura pas l’avantage de plaire à ceux qui, trop fins pour croire au vrai, trouvent le scepticisme lui-même beaucoup trop doctrinaire et, sans plus insister sur ces pesantes catégories de vérité et d’erreur, bornent le sérieux de la vie aux jouissances de l’égoïsme et aux calculs de l’intrigue. […] La critique est fine et délicate, subtile et ailée, sans être frivole. […] Nous craignons tant de nous laisser jouer que nous suspectons partout des attrapes, et nous sommes portés à croire que, si nos pères avaient été plus fins, ils n’eussent pas été si sérieux ni si honnêtes. […] je vous affirme que M.*** sait tout aussi peu que M.** le fin mot des choses, que le problème ne sera pas plus près de sa solution qu’il ne l’était auparavant, que tout cela est aussi insignifiant que quand on se demandait à Rome si ce serait Didius Julien ou Flavius Suplicianus qui l’emporterait à l’enchère, et que les sept cent cinquante personnes intelligentes qui sont là attentives autour de cette arène, saisissant avidement toutes les péripéties du combat, perdent leur temps et leur peine. […] Que dire de ceux qui attendent tous les jours la fin du monde et la venue d’un corps humain qui descendra du ciel pour régner ?

822. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Les sages, les philosophes, les voluptueux même se hâtent de quitter, avant la fin, le spectacle de la tragédie orgiaque que les Césars donnent au monde. […] Il est la grosse sonnette de ce fin serpent. […] Olympe fête l’arrivée de la vieille par un petit dîner clandestin auquel elle invite un aigre fin de sa connaissance, Annibal en habit noir. […] Cela sentait le miel d’Hymète et le laurier-rose ; cela était grec sans pédanterie et sans hellénisme, comme ces camées ou ces fragments d’anthologie qui portent, empreint dans l’agate ou dans la strophe, un fin et pur détail des mœurs antiques. […] Diane vient consoler le pauvre captif, et lui apporte un bouquet de fleurs que Marguerite envoie à son chevalier, du fond de son fin corsage.

823. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

., mais il n’était nullement royaliste de cœur et d’affection, et il n’a pas menti à la fin de sa carrière quand il a dit, en s’en vantant : « Notre cœur n’a jamais beaucoup battu pour les rois. » Il rentra en France en 1800, et la vérité est qu’il se rallia très franchement et très entièrement au Consulat. […] il ne montrera point sur la fin de ses jours un front sillonné par les longs travaux, les graves pensées, et souvent par ces mâles douleurs qui ajoutent à la grandeur de l’homme ! […] Nous ne perdrons plus le milieu et la fin de notre vie ; nous serons des hommes quand nous aurons cessé d’être jeunes gens. […] Arrivé au ministère où MM. de Villèle et Corbière, jusqu’alors unanimes avec lui, l’avaient précédé, M. de Chateaubriand, durant ces dix-sept mois de pouvoir, inspira et mena à bonne fin un acte dont il ne faut exagérer ni diminuer l’importance. […] Il a été à la tête de toutes les grandes questions monarchiques ou populaires de son tempsg ; il les a menées comme on mène volontiers les choses en ce pays de France, c’est-à-dire à côté du port et tout autrement qu’à bonne fin.

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