/ 1984
1177. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Mais le feu était à peine allumé, qu’un vacarme sourd se fit entendre au-dessous de l’atelier des Horaces. […] Il allumait le feu quand il entendit le bruit des pas d’une personne qui montant l’escalier de bois, ouvrit bientôt la porte sans hésitation et entra délibérément dans l’atelier. […] Un échange de sourires entre elle et lui acheva la connaissance, et quand le feu fut bien allumé, ils se mirent au travail. […] Les Suisses du pape avaient formé le projet de mettre le feu à l’Académie et de massacrer les pensionnaires. […] J’ai l’audace de retourner à l’Académie, qui était devenue le palais de Priam ; on se préparait à briser les portes à coups de hache et à mettre le feu.

1178. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Émile Carrey nous apprend, dans l’intéressante relation de son voyage, que beaucoup de peuplades indiennes ont déjà renoncé à l’arme empoisonnée de l’homme primitif pour la remplacer par l’arme à feu de l’homme civilisé. […] Nous ignorons l’essence du feu, de l’électricité, de la lumière, et cependant nous en réglons les phénomènes à notre profit. […] Par là ils communiquent à la pensée scientifique un mouvement qui la vivifie et l’ennoblit ; ils fortifient l’esprit en le développant par une gymnastique intellectuelle générale en même temps qu’ils le reportent sans cesse vers les solutions inépuisables des grands problèmes ; ils entretiennent ainsi une sorte de soif de l’inconnu et le feu sacré de la recherche, qui ne doivent jamais s’éteindre chez un savant. […] « Voyez, dit-il, ces formes arrondies et voluptueuses, cette souplesse gracieuse des mouvements, cette douce chaleur, ces joues teintes de roses, ces yeux brillants de l’étincelle de l’amour ou du feu du génie, cette physionomie égayée par les saillies de l’esprit ou animée par le feu des passions ; tout semble se réunir pour en faire un être enchanteur. […] On dit que Prométhée, ayant formé quelques statues d’hommes, déroba le feu du ciel pour les animer.

1179. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Et son vocabulaire est moisi : elle « peint ses feux ». […] Et toujours morts pour morts, sac pour sac, feu pour feu, Massacre à tout jamais, en tout siècle, en tout lieu ! […] *** Ce sont encore des façons de frondeuses qu’on trouve à la Vie Parisienne et nulle part mieux qu’en ce chapitre je ne pourrais étudier le sourire de Marni ou le ricanement de Marie-Anne de Bovet et dresser la notice nécrologique de feu le rire de Gyp. […] La place qui reste est occupée par des enfants trouvés qui, à vingt ans, reconnaissent sans hésitation une mère inaperçue jusque-là et par des incendies qui permettent à l’amoureux de conquérir sur le feu, au péril de ses jours, la bien-aimée qu’on lui refusait. […] Supposons qu’elle enlaidisse, Et que cet être exquis n’ait plus la même écorce, Avec le même feu, l’aimeras-tu demain ? 

1180. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Si cette faculté ne se manifeste pas chez eux avec plus de feu, c’est précisément, sans doute, à cause de la basse température de leur sang. […] En plusieurs régions de la France, les fêtes des feux de la Saint-Jean sont toujours liées à des idées d’amour. […] L’animal le plus intelligent reste un animal, et l’homme le plus primitif invente le feu, la flèche, le canot. Le feu ! Si un animal inventait le feu, il trouverait tout le reste.

/ 1984