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1095. (1929) La société des grands esprits

S’il avait vécu seulement dix ou quinze ans de plus, Pascal eût probablement jeté au feu la partie purement apologétique des Pensées. […] Il aurait dû pour cela s’infliger le démenti le plus radical ; et autant aurait valu pour lui tout jeter au feu. […] On ne saurait trop admirer le courage de Pierre-Maurice Masson, ni le sang-froid qui lui permettait de poursuivre ses travaux jusque sous le feu de l’ennemi. […] Même à supposer que l’aventure fût véritable, il n’aurait pas cru pour cela mériter le feu du ciel. […] Duranty ouvrit le feu, sans même attendre le volume (ou plutôt les volumes : la première édition en comportait deux).

1096. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Je ne savais pas même la mort de ce pauvre Heine : j’aurais voulu sentir devant cette bière, qui emportait tant de feu et d’esprit, ce que vous avez si bien senti. […] Son regard était beau et plein de feu. […] Paris incendié fut un vaste brasier où de pauvres diables tirèrent, pour les autres, les marrons du feu. […] Et la beauté de l’univers n’est, en somme, qu’un feu d’artifice sous un crâne. […] Les lamproies de la Garonne, accommodées avec des poireaux tendres et nageant dans une sauce au vin vieux, mijotée à petit feu, sont un mets dont les amateurs se souviennent longtemps.

1097. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Les gens qui passent le feu de la jeunesse à étudier au lieu de sentir ne peuvent donc pas être artistes, rien de plus simple que ce mécanisme. » On peut constater que toute vraie poésie est sensuelle et même sexuelle : expression d’un état de désir physique, transposé, elle éveille en nous les images qui l’ont fait naître. […] Et dans ces Stances aux dames créoles, elle fait revivre pour elle l’atmosphère des Antilles, et dans l’évocation de l’existence de ses aïeules berce son propre rêve : La nuit se parfumait d’astres et de corolles                    Et, peu à peu, Vous regardiez s’ouvrir au ciel, belles créoles,                    Des fleurs de feu. […] Elle s’est regardée dans ces paysages qui ont pris les nuances et les teintes changeantes de ses émotions : Le ciel était de feu et d’or… un ciel sauvage, Et des glaives trempaient dans l’eau trouble du soir. […] Les femmes trouveront, dans ce bréviaire poétique, l’expression musicale de leurs sensations amoureuses, et la plus orgueilleuse glorification de leur être : …………………………………………………………………………… Si tu n’as pas conçu sans effroi qu’il périsse Le rêve que je suis Myriam, Béatrice,          Cléopâtre, Hélène et Psyché, Si ton être n’est pas comme un métal qu’on forge Sous le martèlement dur de ta passion, Si tu ne sens de ta poitrine en fusion          Le feu monter jusqu’à ta gorge, Si tu n’as pas le cœur fabuleux de Tristan, Si, de m’avoir brisée entre tes bras fidèles, Tu ne crois pas ta chair et ton âme immortelles,         Si tu ne m’aimes pas, va-t’en ! […] J’ai rêvé, dit-elle, J’ai rêvé de saisir la comète à la queue Et d’approcher Vénus où clignote un feu vert.

1098. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« N’en laissez pas sortir un seul de la salle, je ferai mettre le feu aux quatre coins du palais. […] Alors la femme d’Etzel fit mettre le feu à la salle. […] Le feu est mis à la salle.

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