/ 2753
713. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Cependant, accablé de nouvelles charges, livré à des travaux pénibles, traduisant, aux gages des libraires, quelques ouvrages anglais, une Histoire de la Grèce, un Dictionnaire de Médecine, et méditant déjà l’Encyclopédie, Diderot se désenchanta bien promptement de cette femme, pour laquelle il avait si pesamment grevé son avenir. Madame de Puisieux (autre erreur) durant dix années, mademoiselle Voland, la seule digne de son choix, durant toute la seconde moitié de sa vie, quelques femmes telles que madame de Prunevaux plus passagèrement, l’engagèrent dans des liaisons étroites qui devinrent comme le tissu même de son existence intérieure. […] Son premier, son plus violent amour, l’enchaîna pour jamais à une femme qui n’avait aucune convenance réelle avec lui. […] Femme, ami, disciple, Diderot se méprit donc dans ses choix ; La Fontaine n’eût pas été plus malencontreux que lui ; au reste, à part le chapitre de sa femme, il ne semble guère que lui-même il se soit jamais avisé de ses méprises. […] En prononçant le nom de femmes, nous avons touché la source la plus abondante et la plus vive du talent de Diderot comme artiste.

714. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Une vieille femme, façonnée à toute servitude, faisait le ménage et allumait le feu. […] Les fenêtres avaient de petits rideaux, signe qu’il y avait une femme. […] Les femmes jouent avec leur beauté comme les enfants avec leur couteau. […] En pareil cas, toute femme ressemble à Mahomet. […] Vous avez auprès de vous un plus doux rayonnement et un plus grand mystère : la femme !

715. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

« Qu’écrire à une femme, lui dit-il, si on ne lui peut parler ni d’affaires ni d’amour ?  […] C’est une de leurs gloires, et, pour en bien juger, il suffit d’être mère, il suffit d’être femme. […] Chacun de ces traits se peint tour à tour dans ses lettres, ou plutôt il n’est pas une lettre qui ne soit toute cette aimable femme un moment. […] Elle ne peut pas être tendre sans être ingénieuse ; c’est même la femme d’esprit qui a fait suspecter la mère. […] On y voit la femme d’affaires, qui excelle à donner des conseils, à parler de l’économie d’une maison, et qui n’estime de l’esprit que le profit qu’on en tire.

716. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Il croit volontiers qu’elles occupent, dans la vie des souverains, une place prépondérante, et que, pour beaucoup d’empereurs et de rois, comme pour beaucoup de femmes, l’idée générale du règne est d’aimer. […] Hommes ou femmes, ils ont le droit de rêver, de regretter, de s’analyser eux-mêmes, d’écrire des lettres sans nombre, de tenir un journal sans fin de leurs pensées et de leurs sentiments. […] Quand ils ont fait dire à un toucheur de bœufs ou à la femme d’un fermier : « Pardienne, m’sieu, mam’selle, not’vache, j’allons, j’étions », ils s’imaginent avoir fait parler un paysan. […] Elle avait les yeux bleu vif d’un chef d’armée, un air de commandement et de décision que tempéraient l’humilité acquise et la finesse naturelle de la femme. […] Alors la lettre arrive, la lettre qu’on n’attendait plus et qui appelle la femme à Paris, dans ce monde de la richesse, des cadeaux, du bien-être, des rubans de soie, des dentelles, dont on parle si souvent dans le bourg.

/ 2753