Si cette faute consiste, comme celle du Bandinelli, dans une figure de femme plus haute qu’une figure d’homme d’égale dignité, elle est facilement remarquée, puisque ces deux figures sont l’une à côté de l’autre.
En février 1758, au milieu des plus graves circonstances, il s’était chargé d’une commission élégante auprès de M. de Choiseul : « N’oubliez pas, je vous prie, ma commission pour un grand habit de femme fond bleu brodé en soie blanche sur une étoffe de printemps. » Léger accident ! […] Ma seule espérance, qui n’est qu’un sentiment de femme ou d’enfant, c’est que puisque je ne suis pas mort de notre honte, il est possible que je sois réservé pour la réparer. […] Montmartel craint de risquer sa fortune ; sa femme l’obsède et le noircit, et moi je suis obligé d’aller lui remettre la tête et de perdre vingt-quatre heures par semaine pour l’amadouer (quel style, trop d’accord avec la situation !
Quant à la ville même, après l’avoir vue en toutes saisons, aux heures de coquetterie et de glorieux printemps comme aux heures d’isolement et de retraite d’hiver, Gibbon déclare que son goût pour elle n’a point faibli, et il le dit en des termes agréables, comme tous ceux dont sa correspondance est semée : De ma situation ici, je n’ai pas grand-chose de nouveau à dire, excepté une très rassurante et singulière vérité, c’est que ma passion pour ma femme ou maîtresse, Fanny Lausanne, n’est point attiédie par la satiété et par une possession de deux ans. […] » Il reconnaissait trop tard cette vérité, « qu’à mesure que nous descendons la vallée de la vie, nos infirmités demandent quelques-uns des soins et la société intérieure d’une femme ». […] Il apprit, au printemps de 1793, que la femme de son ami lord Sheffield venait de mourir ; il n’hésita pas à voler vers lui, à se mettre en route pour l’Angleterre par l’Allemagne, et à faire ce voyage depuis quelque temps différé, que les circonstances présentes et la guerre engagée rendaient alors plus difficile.
Sa femme a une intelligence des plus distinguées ; elle a beaucoup lu et à bonne fin, et est plus polie qu’une duchesse. […] Ils voient peu de monde, ce qui me convient parfaitement ; à quelque moment que j’y aille, je trouve une maison pleine de paix et de cordialité dans tout ce qui la compose, et je suis sûr de n’y entendre aucune médisance, mais, au lieu de cela, un sujet d’entretien qui nous rend meilleurs. — Cette femme, écrit-il encore de Mme Unwin, est une bénédiction pour moi, et je ne la vois pas de fois que je ne devienne meilleur dans sa compagnie. […] [NdA] Cette traduction est celle d’une jeune femme enlevée trop tôt à l’affection de sa famille et de ses amis, Mme Langlais, épouse du député au corps législatif et fille de notre célèbre poète, Mme Desbordes-Valmore, de qui elle tenait le don de poésie.