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1488. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Dans une des plus remarquables pièces des Harmonies (« Novissima Verba »), ce mélodieux poète célèbre l’amour et déclare qu’il n’y a rien dans le monde que lui : Femmes, anges mortels, création divine, Seul rayon dont la vie un moment s’illumine ! […] Et il ajoute, parlant toujours des femmes et de l’amour : Quand vous vous desséchez sur le cœur qui vous aime, Ou que ce cœur flétri se dessèche lui-même ; Quand le foyer divin qui brûle encore en nous Ne peut plus rallumer la flamme éteinte en vous, Que nul sein ne bat plus quand le nôtre soupire, ………………………………………………… Alors, comme un esprit exilé de sa sphère Se résigne en pleurant aux ombres de la terre, Détachant de vos pas nos yeux voilés de pleurs, Aux faux biens d’ici-bas nous dévouons nos cœurs. […] Je crois voir exactement une femme de caractère acariâtre, la Xanthippe de Socrate, si vous voulez, qui, sous prétexte qu’elle est femme d’honneur et fidèle, s’en autorise pour dire à son mari, sur tous les tons, qu’elle ne l’aime pas, et pour le traiter comme un nègre.

1489. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Chez eux, les femmes sont considérées par leurs maris comme nécessaires pour leur donner des enfants, mais du reste traitées comme esclaves. […] Au contraire, lorsque la femme apporte une dot, elle achète la liberté du mari, et obtient de lui un aveu public qu’il est incapable de supporter les charges du mariage. […] Les fils acquièrent, les femmes épargnent pour leurs pères et leurs maris ; c’est le contraire de ce qui se fait chez les modernes. — IV. […] Comment expliquer cette prétendue alliance, quand Romulus lui-même, sorti du sang des rois d’Albe, vengeur de Numitor auquel il avait rendu le trône, ne put trouver de femmes chez les Albains.

1490. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Renart est accusé devant le roi des animaux, Noble, le Lion, d’avoir fait tort à Ysengrin et notamment de lui avoir séduit sa femme, dame Hersent la Louve. […] Le Lion empereur, entendant le Loup faire éclat de la séduction de sa femme, lui parle en homme de sens : Ysengrin, lui dit-il, laissez tomber cela. […] s’écrie-t-il en s’adressant dans son transport à dame Hersent, gentille baronnesse, plût à Dieu qu’aussi loyale fût mon ânesse, Et Chien et Loup et autres bêtes, Et toutes femmes comm’ vous êtes !

1491. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Saint-Simon rappelle le mot de La Bruyère et en donne hautement la clef, si on l’avait pu ignorer : C’était un plaisir, dit-il, de voir avec quel enchantement Dangeau se pavanait en portant le deuil des parents de sa femme et en débitait les grandeurs. […] Il est si amoureux de cette chasse au loup qu’un jour qu’il est malade et ne peut sortir de sa chambre à Versailles, il fait faire dans le parterre de l’Amour la curée du loup que les chiens avaient pris : « Il la voyait de son lit. » Il est homme à courre le cerf le jour même où la Dauphine sa femme accouche. […] Vers le temps où Monseigneur prend cette résolution, on remarque chez Dangeau une phrase qui revient presque constamment chaque jour, par exemple : « Monseigneur se promena à pied dans les jardins avec Mme la princesse de Conti et les filles. — Mme la Dauphine passa l’après-dînée chez Mlle Bezzola ; elle y va les jours que Mlle Bezzola n’a point eu la fièvre. » Mlle Bezzola était une femme que la Dauphine avait amenée d’Allemagne, son intime confidente, et à laquelle elle était très attachée.

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