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1111. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Pendant que le prêtre lisait sur le carton de gauche l’Évangile de saint Jean, annonçant l’éternité du Verbe, le soleil enflammait l’autel, blanchissait les panneaux de faux marbre, mangeait les clartés des deux cierges, dont les courtes mèches ne faisaient plus que deux taches sombres. […] Zola a voulu ici prêcher le respect de notre clergé, il a absolument fait fausse route. […] J’ai, trouvé mon chemin de Damas, et l’amour vrai m’est apparu dans sa gloire, resplendissant sur la nue ; il m’a touché de sa grâce et mes fausses idoles gisent dans la poussière. […] Nul ne savait mieux que lui soutenir une thèse fausse en observant les lois de la logique. […] Elle a des dames d’honneur avec des yeux flamboyants, mais des teints de pain d’épice et un faux air d’orang-outang.

1112. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Il me prend des envies, quand je répète avec ma mère, de l’appeler « Nanette » et de lui crier que j’appelle « Jobin », ce qui est faux, on le sait, et ce qui est mal, je le sens bien ! […] Les fausses idoles nous font suspecter la religion elle-même. […] Si votre total est faux, toute votre opération est mauvaise. […] À chaque instant, on se heurtait à une dissonance ; on éprouvait ce genre de sensation que cause à un mélomane une fausse note. […] Quoi de plus fidèle comme calque que la comédie journalière des fausses bienveillances, que cette scène du jeune homme qui se présente chez un ancien ami de sa famille ?

1113. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Cela est faux comme la plupart des sentences de la sagesse vulgaire. […] — Fausse classification des sciences et des arts, dans le trivium et le quadrivium des écoles […] — Fausse cosmogonie, sur la foi d’un Aristote latin altéré par les Arabes, christianisé par Albert le Grand et saint Thomas. — Fausse histoire envahie par la légende, écrite en vue de l’édification bien plus que de la vérité, et qui tourne les événements à la démonstration perpétuelle des justes jugements de Dieu. — Fausse histoire naturelle tirée des Bestiaires. — Fausse mathématique qui cherche la quadrature du cercle. — Fausse antiquité où l’on entrevoit à peine Homère, où l’on ne sait de Virgile que ce qu’en donnent des manuscrits et des traductions pleines d’erreurs. — Fausse morale, enfin, à la fois astrologique et théologique, qui croit à l’influence des planètes sur les passions de l’homme, et qui ne repose que sur la crainte servile d’un maître jaloux. Il n’était pas possible que de toutes ces notions fausses sortît spontanément un art pur. […] Dante y voit châtiés tous ceux qui ont trompé leurs semblables : les séducteurs, les adulateurs, les simoniaques, parmi lesquels il met le pape Nicolas III ; les faux monnayeurs, les faux alchimistes (car il y avait alors la vraie et la fausse alchimie) ; les calomniateurs, les devins, la face tournée vers les talons ; les hypocrites, le front chargé de chapes de plomb, écrasantes sous l’éclat menteur de leur revêtement doré.

1114. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Le poëte est meilleur moraliste que le raisonneur : car à chaque instant il applique les règles du syllogisme poétique et corrige les fausses preuves de ses devanciers. […] Tous ces mots sont faux cependant, ou du moins ils ont une apparence fausse ; ils ont l’air de dire que La Fontaine est un classificateur de preuves.

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