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470. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

La Révolution frappa sa famille comme toutes celles qui tenaient à l’ordre ancien par leur naissance et leurs opinions : les plus reculés souvenirs de Lamartine le reportent à la maison d’arrêt où on le menait visiter son père. […] Une personne grave et peu habituée aux comparaisons poétiques, qui avait en ce temps l’occasion de le voir avec ses sœurs sous l’aile de la mère, ne pouvait s’empêcher de comparer cette jeune famille aimable et d’un essor si naturel à une couvée de colombes. […] La fortune, en effet, qu’il obtint plus tard de son chef par héritage d’un oncle, n’était pas près de lui venir, et, comme tous les fils de famille, il sentait quelque gêne de sa dépendance. […] Docile aux désirs de sa famille, Lamartine profita de sa réussite pour mettre un pied dans la carrière diplomatique, et il fut attaché à la légation de Florence.

471. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Les dégoûts qui suivirent pour lui le triomphe du Cid le ramenèrent à Rouen dans sa famille, d’où il ne sortit de nouveau qu’en 1639, Horace et Cinna en main. […] Corneille s’était marié dès 1640 ; et, malgré ses fréquents voyages à Paris, il vivait habituellement à Rouen en famille. […] Pierre avait six enfants ; et comme alors les pièces de théâtre rapportaient plus aux comédiens qu’aux auteurs, et que d’ailleurs il n’était pas sur les lieux pour surveiller ses intérêts, il gagnait à peine de quoi soutenir sa nombreuse famille. […] Ces mœurs subsistaient encore du temps de Corneille ; et quand même elles auraient commencé à passer d’usage, sa pauvreté et ses charges de famille l’eussent empêché de s’en affranchir.

472. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Le roi convertissait alors, bon gré, mal gré, les Huguenots de son royaume, et Mme de Maintenon, à son exemple, s’était mise en devoir de convertir sa propre famille. […] Elle sait changer de ton dès qu’il le faut, et proportionner sa touche à ses personnages : « Mlle de Rambures avait le style de la famille des Nogent dont était madame sa mère : vive, hardie, et tout l’esprit qu’il faut pour plaire aux hommes sans être belle. […] Mme de Maintenonétait devenue indispensable au roi et à toute la famille royale, qui ne lui laissait pas un seul instant de répit. […] Voici une des plus jolies lettres, où elle parle d’elle-même sous le nom de la petite nièce, et où elle réclame de sa tante, et sur tous les tons, la faveur de la voir un peu plus souvent : Je réfléchis sur votre semaine, et je ne la saurais trouver bien ordonnée, qu’il n’y ait un peu plus de la petite nièce : pourquoi n’en pas vouloir quelquefois avec la petite famille ?

473. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

» La Bruyère présageait et voyait déjà quelque chose de ce changement profond qui a éclaté depuis, quand il disait : Pendant que les grands négligent de rien connaître, je ne dis pas seulement aux intérêts des princes et aux affaires publiques, mais à leurs propres affaires ; qu’ils ignorent l’économie et la science d’un père de famille, et qu’ils se louent eux-mêmes de cette ignorance…, des citoyens s’instruisent du dedans et du dehors d’un royaume, étudient le gouvernement, deviennent fins et politiques, savent le fort et le faible de tout un État, songent à se mieux placer, se placent, s’élèvent, deviennent puissants, soulagent le prince d’une partie des soins publics. […] La duchesse du Maine, aussi bien que ses sœurs, était presque naine ; elle qui était une des plus grandes de la famille, elle ne paraissait pas plus qu’un enfant de dix ans. […] Le scandale de ces fêtes et de ces divertissements ruineux devenait d’autant plus grand, ou du moins plus criant, que les malheurs de la famille royale étaient venus s’ajouter à ceux de la France ; mais la mort des principaux héritiers directs rapprochait le duc du Maine du pouvoir, ou même du trône ; chaque échelon de moins dans l’ordre de succession légitime était un degré de plus dans l’échafaudage de sa fortune. […] M. le Duc (de Bourbon), propre frère de la duchesse du Maine, prit dans un temps un très grand goût pour elle ; ces sortes de goûts n’étaient pas rares dans la famille des Condé.

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