C’est de l’expérience personnelle, mais pure de tout ressentiment. Si La Rochefoucauld, qui écrivait ses Maximes vers le même temps que Nicole composait son traité, n’évite pas toujours l’excès, c’est que son expérience a été le plus souvent chagrine.
Désunis, ils tombent fatalement, celui-ci dans la routine et celui-là dans l’excentricité : réunis, ils se fécondent, l’un, apportant la verve et l’autre l’expérience. […] Ils doivent être réunis, alliant « verve » et « expérience ».
Les excellents acteurs qui devaient la jouer mettaient au service des auteurs tous leurs efforts, toute leur expérience, donnaient, nous pouvons le dire, tout leur cœur à la pièce. […] Elle redit sous des formules plus étudiées, avec des expressions plus littéraires, mais elle ne fait que redire les ironiques petites chamaillades, le tendre ferraillement d’esprit de ces moments-là, — en un mot le fraternel duel à huis clos de l’Expérience et de l’Illusion.
La petite exhortation que, dans ses mémoires, Montluc adresse ensuite, selon son usage, aux gouverneurs et capitaines qui le liront, est piquante de verve et brillante de belle humeur ; il ne veut point qu’ils cherchent des prétextes autour d’eux, qu’ils se déchargent de leur reddition sur les bourgeois qui les y ont forcés, ou sur leurs soldats qui étaient à bout de combattre : Ce ne sont qu’excuses, ce ne sont qu’excuses, croyez-moi : ce qui vous force, c’est votre peu d’expérience.