/ 2639
1270. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Taine veut découvrir La Fontaine tout entier de la première à la dernière page. […] Je ne sais pas s’il lisait en entier les livres dont il parlait, mais comme il savait les feuilleter, les deviner, les respirer ! […] Il s’adressait à des êtres qui ont le devoir de ne regarder que leur personne parce que mille intérêts en dépendent, et qu’ils servent réellement le monde entier en ne pensant qu’à eux-mêmes.

1271. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Des rues entières étaient formées des longs et hauts murs de ces demeures cloîtrées. […]  » La pauvre fille se prit ainsi pour le vicaire d’un amour profond, qui occupa bientôt son être tout entier. […] » Elle restait des après-midi entiers immobile, assise en sa chaise, attachée à cette idée fixe.

1272. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Une tente richement, drapée occupe la largeur entière du théâtre. […] Tristan s’est dressé convulsif, l’œil hagard, les narines dilatées, haletant, livré tout entier aux sensations suraiguisées de l’agonie ; il a prononcé un seul mot, — le nom de son idole. — et il a rendu le dernier soupir dans un dernier baiser. […] D’ailleurs, rien qu’à considérer cette ville de Bayreuth que devant le monde entier j’élève à une telle importance, je vois que nous sommes en présence d’une création universellement bienfaisante, dont l’effet se répand immesurablement devant nous.

1273. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

. — « Ainsi que dans la Fantastique, un thème principal (c’est Berlioz lui-même qui parle) se reproduit dans l’œuvre entière, mais avec cette différence que, là-bas, l’« Idée fixe » s’interpose obstinément, comme une idée passionnée épisodique, au milieu des scènes qui lui sont étrangères et leur fait diversion, tandis que le chant d’Harold se superpose aux autres thèmes de l’orchestre, avec lesquels il contraste par son mouvement et son caractère, sans en interrompre le développement. […] Les souvenirs des scènes précédentes, d’un si bel effet, dans ce morceau peuvent être considérés comme un pastiche du fameux épisode du Final de la neuvième, dont je viens de parler ; Franz Liszt les a splendidement caractérisés et interprétés, comme du reste le rôle entier du motif de l’alto, dans sa célèbre analyse de « Harold »60. […] Mais un seul homme a été qui vraiment fut un artiste ; Beethoven, seul de tous, a constamment et dans une entière conscience, institué au-dessus de la réalité habituelle ce monde artistique d’une réalité meilleure : il a balayé de son art les immondices et les ornements inutiles, il a connu et recréé tout le domaine, à jamais possible peut-être, de son art : il a soumis ses œuvres, sans arrêt, à une théorie, mais à une théorie lente et sérieuse, et qui nous apparaît seulement sous les œuvres qui en naquirent.

/ 2639