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928. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Rabelais est le premier chez nous — et le plus grand peut-être, — il est aussi le plus sincère de ceux qui ont cru que Nature était bonne ; que le grand ennemi de l’homme se nommait des noms d’usage, de coutume, de règle, d’autorité, de contrainte ; que par tous les moyens, raillerie, violence et injure, c’était donc cet ennemi qu’il fallait attaquer, combattre et détruire ; et qu’enfin le chef-d’œuvre de l’éducation était de libérer l’instinct. […] Non seulement le Moyen Âge n’avait pas eu le sentiment de la forme ; mais il s’était constamment défié de la nature comme d’une maîtresse d’erreur ou d’une puissance ennemie de l’homme ; et l’esprit de sa politique n’avait tendu qu’à emprisonner l’individu dans les liens de sa corporation, de sa classe, ou de sa caste. […] Elles ont donc, un moment, rencontré les mêmes ennemis en face d’elles, scolastiques et théologiens, et, un moment, elles ont combattu le même combat. […] 2º Le Pamphlet ; — et qu’il n’en faut exagérer ni le mérite, qui est tout à fait secondaire, ni la hardiesse, ni les conséquences. — La Satire n’a point « donné la France à Henri IV », puisqu’elle a paru en 1594, et que la guerre civile n’a été pacifiée qu’en 1598 ; — il n’y a point de hardiesse : 1º à se mettre cinq pour écrire un livre, et nous savons assez que la division des risques est le principe même de l’assurance ; — il n’y en a pas non plus : 2º à garder l’anonyme ; — et 3º à avoir publié un pamphlet de cette nature neuf mois après la conversion, et trois mois après la rentrée d’Henri IV à Paris. — Toute la bravoure des auteurs ne consiste donc qu’à avoir royalement injurié des gens à terre et que d’ailleurs ils n’avaient pas eux-mêmes renversés. — Les auteurs de la Ménippée : Pierre le Roy, Gillot, Nicolas Rapin, Jean Passerat, Florent Crestien et Pierre Pithou : — et qu’ils n’ont pas fait preuve en se coalisant d’un talent qu’aucun d’eux ne possédait personnellement. — Il y a d’ailleurs dans quelques passages de la Satire une certaine verve de caricature ; — de satire même ; — et presque d’éloquence [Cf. la Harangue, souvent citée, du lieutenant civil Dreux d’Aubray]. — Mais on n’y trouve pas ombre d’élévation ni de noblesse ; — ce sont des bourgeois furieux d’être gênés dans leurs plaisirs ; — ce sont aussi de grands ennemis des Jésuites ; — et ils ont sans doute aimé leur patrie ; — mais la Satire Ménippée n’en est pas moins à rayer du nombre des « grands monuments de l’esprit français ».

929. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Horn Tooke, homme d’esprit, violent ennemi du gouvernement ; jadis dans les ordres, ensuite réfractaire ; autrefois ami de la puissance, jusqu’au point d’avoir été attaqué dans les Lettres de Junius, ensuite devenu l’apôtre de la liberté, comme tant d’autres. […] Mackenzie s’égare dans le désert pour découvrir le passage au fleuve de l’ouest ; quelques coups de fusil qu’il entend avec effroi retentir dans ces lieux solitaires, lui font supposer l’approche des Sauvages ennemis. […] Sont-ce les pères, les mères, les frères, les sœurs, les enfants de ces victimes qui prient pour les ennemis de la foi, et que vous voyez à genoux de toutes parts, aux fenêtres de ces maisons délabrées, et sur les monceaux de pierres où le sang des martyrs fume encore ? […] Un nouvel ennemi vient de descendre dans la lice. […] Veulent-ils forcer la calomnie à se taire, et s’attirer l’estime même de leurs ennemis : il faut qu’ils se dépouillent d’abord de cette morgue et de ces prétentions exagérées qui les ont rendus insupportables dans le dernier siècle.

930. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

En outre, une nuée de critiques s’est abattue sur l’ennemi des pédagogues et des compilateurs. […] Le Dante, Byron, Leopardi abordent l’ennemi de front et de poitrine. […] Quoi qu’il en soit, l’Ennemi des lois est une tentative hardie et intéressante. […] En reposant l’Ennemi des lois on a l’esprit tout secoué. […] Ouvrez l’Ennemi des lois.

931. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

car plus vous aurez été ses ennemies, pis il vous fera, lorsqu’il vous sentira en son pouvoir. […] Déjà du vivant de Ronsard, ses ennemis avaient essayé de tourner contre lui ce quatrain. […] Je ne suis pas ennemi de ce prélat ni de la fluidité de son Télémaque. […] Ne vivait-il point entouré d’ennemis, n’osant prendre un peu de repos que la tête appuyée sur ses pistolets ? […] D’un si fort ennemi je seray glorieux, Et Dieu sçait qui des deux sera victorieux !

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