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426. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Printemps au dehors, jeunesse au dedans, soleil sur le gazon, sourire sur les lèvres, neige de fleurs à tous les buissons, blanches illusions épanouies dans nos âmes, pudique rougeur sur nos joues et sur l’églantine, poésie chantant dans notre cœur, oiseaux cachés gazouillant dans les arbres, lumière, roucoulements, parfums, mille rumeurs confuses, le cœur qui bat, l’eau qui remue un caillou, un brin d’herbe ou une pensée qui pousse, une goutte d’eau qui roule au long d’un calice, une larme qui déborde au long d’une paupière, un soupir d’amour, un bruissement de feuille… — quelles soirées nous avons passées là à nous promener à pas lents, si près du bord que souvent nous marchions un pied dans l’eau et l’autre sur terre !

427. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

La théosophie, c’est-à-dire l’esprit intelligent et intime des religions, s’égara, tarit comme une eau hors de son calice, ou bien se réfugia dans quelques cœurs et s’y vaporisa en mystiques nuées. […] Dans sa source et son jet, c’est le même génie ; Mais de toutes les eaux la marche réunie,  D’un flot illimité qui noierait les déserts,  Égale, en s’y perdant, la majesté des mers.  […] Puis la nacelle est devenue une barque plus hardie, plus confiante aux étoiles et aux larges eaux : le rivage s’est éloigné et a blanchi à l’horizon ; mais de la rade on y revenait encore, on y recueillait encore de tendres ou cruels vestiges ; on y voyait à chaque approche comme plusieurs phares scintillants qui vous rappelaient : c’était trop s’éloigner ou trop souvent revenir.

428. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

La critique ainsi faite, l’histoire littéraire ainsi arrosée par des sources secrètes reparues à temps et largement brillantes au soleil, ressemblerait dans ses plus heureuses perspectives à ces fertiles contrées merveilleusement touchées par le poëte : A l’horizon déjà, par leurs eaux signalées, De Luze et d’Argelès se montraient les vallées166. […] En gravissant avec effort et courage, en mesurant à chaque pas ces hauteurs qui séparent les temps, et où l’on peut dire au sens propre qu’a lieu le partage des eaux (divortia aquarum), M. […] j’aimais voir l’eau couler Et briller ces flots purs, et mes pleurs les troubler.

429. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Mais, au point où le poète a poussé la frénésie de son démoniaque, on comprend qu’il ne lui ait fallu rien de moins que l’évocation d’un cadavre, rien de moins que l’image de cette petite morte retirée de l’eau pour lui faire recouvrer la raison et le sens moral. […] Ici, Rodin travaille au rabais ; il frappe à coups d’épingle, il ajuste des manigances, il barbote platement en eau trouble. […] Ses coups d’épée dans l’eau bénite effleurent à peine la question qu’elle veut soulever.

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