Les jets d’eau de nos jardins publics ont aussi plus de retenue et de mesure que les éruptions volcaniques ; mais j’ose avancer, avec la timidité convenable, que celles-ci ont un caractère plus saisissant que ceux-là. […] Quand les pluies de la zone torride ont cessé de tomber par nappes épaisses sur les sommets et dans les cirques intérieurs de l’île où je suis né, les brises de l’Est vannent au large l’avalanche des nuées qui se dissipent au soleil, et les eaux amoncelées rompent brusquement les parois de leurs réservoirs naturels. […] Tout auprès, les eaux roulent, tantôt livides, tantôt enflammées par le soleil, emportant les îlettes, les tamariniers déracinés qui agitent leurs chevelures noires et les troupeaux de bœufs qui beuglent.

Sans une imagination très vivante et active dans tous les sens, les notions confiées à la mémoire se dessèchent dans un sol inerte ; l’eau qui les amollit et le soleil qui les mûrit sont nécessaires à la germination des graines. […] L’eau qui a bouilli très vite refroidit de même ; c’est ce que ne savait pas l’industriel qui avait établi des bouilloirs publics ; le temps de traverser la rue et c’était comme si on revenait de la fraîche fontaine. […] On a sarclé toute la flore naturelle, et ce qu’on a semé à la place dans un terrain mal préparé et mal nettoyé n’a pu pousser faute d’eau et de soleil. […] Quinton, l’Eau de mer. […] Savoir la signification des mots est souvent attristant : la pompe des sedors s’éteint sous l’eau où on les traîne, et les erminettes fraîches comme des joues de petite fille s’ébrèchent en les entailles, et se rouillent de la sueur du charpentier.

J’y ai tant lu, tant rêvé, tant soupiré, tant aimé, depuis l’âge de onze ans jusqu’à l’âge d’homme : j’ai vendu le château, mais pas les mémoires, les bois, mais pas l’ombre, les eaux, mais pas les murmures. […] L’eau est rare, le feu presque inconnu. » Alors la fibre plaintive s’éveille chez l’historien-poète, et la pitié, cette inspiratrice de ses plus belles pages, suscite ces élans, ces attendrissements, ces effusions soudaines qui nous ravissent dans l’œuvre de Michelet. […] Avocat des créatures douloureuses, il demande à tout prix qu’on fertilise, qu’on reboise, qu’on rende à la fraîcheur, aux eaux ménagées, à la culture, un pays qui fut jadis ombreux et fécond. […] Lorsqu’à la tribune de la Législative il viendra réclamer pour ses concitoyens, victimes de l’état de siège et des persécutions officielles même avant le Deux-Décembre, il plaindra ce pays couvert d’eaux dormantes, empoisonné, morbide, mais avec lequel il se sent en communion de souvenirs. […] C’est en effet un récit d’épopée que la description de la chute de Sennachérib : La nuit le camp semblait une plaine enflammée, Et, quand se réveillait cette innombrable armée, Le pêcheur, apprêtant sa barque de roseaux, Croyait entendre au loin mugir les grandes eaux.

Il y avait une sorte d’immense lueur diffuse dans les eaux. […] Maintes fois, dans sa vie de marin, il a eu devant lui pendant des jours et des jours des étendues infinies de ciel et d’eau. […] Maupassant, Sur l’eau, p. 40. […] Sur l’eau, 87. […] Voir Sur l’eau, passim.