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211. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Mais quel drame ! […] le pur chef-d’œuvre que cette tragédie, que ce chaste drame d’héroïque piété conjugale et maternelle, entrelacé à ce terrible drame d’amour meurtrier ! […] Mais quel drame ! […] que ce récit donne bien la morale du drame ! […] Dans le drame ainsi conçu, la passion de Phèdre n’est qu’un « moyen ».

212. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

… Et la comédie tourne vite au drame. […] Mais voilà que, de cette touche ultra-familière, sort à l’instant même un drame tragique. […] En réalité, il ébauche la théorie du drame moderne ; mais avec combien de précautions et d’explications ! […] Ce drame commence de la manière la plus intéressante. […] Je n’entrerai pas dans l’analyse du drame ; j’en citerai seulement quelques détails.

213. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Chez eux, un principal personnage ne se fera pas attendre, comme dans Eschyle ou dans Sophocle, jusqu’à la dernière scène du drame et n’apparaîtra pas seulement, pour tuer ou être tué. […] Est-ce un seul drame en trois pièces, ou trois pièces en un drame ? […] La confusion de toutes les espèces de drames est l’un des caractères de l’enfance ou de la vieillesse prématurée de l’art. […] Par hasard resterait-il dans l’esprit des spectateurs romantiques assez de traces de ces superstitions surannées, pour que le drame diabolique de Faust et ceux qui lui ressemblent, produisent encore de véritables émotions ? […] D’une part, l’enfance de l’art ; de l’autre, la maturité du génie : ici, des spectateurs incultes, amateurs de prestiges et disposés aux émotions fortes ; là, des juges difficiles, accoutumés à des plaisirs délicats, qu’il faut séduire et non pas corrompre, entraîner et non éblouir : chez les premiers, point de spectacle sans machine ; chez les seconds, point de drame sans illusion.

214. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

En effet, indifférents à la vérité de ces choses extérieures dont la fausseté les eût révoltés, les spectateurs se livraient tout entiers aux impressions du drame psychologique que développait le poète. […] Et voilà pourquoi Racine a eu raison de fonder tous ses drames sur les effets de l’amour : De cette passion, la sensible peinture Est, pour aller au cœur, la route la plus sûre. […] Enfin tout ce qu’on a dit de la vraisemblance assure le plaisir du spectateur, en même temps qu’il le dispose à sentir la vérité du drame. […] Tel sujet, Dandin ou le Malade, ne peut rester une comédie qu’à la condition de devenir une farce ; il faut pousser jusqu’à la bouffonnerie, si l’on ne veut que le drame déborde. […] Nous admettrons que, certaines formes littéraires étant liées à certains états d’âme et à certains moments de la civilisation, il y ait des genres qui naissent, comme il y en a qui périssent ; par exemple, le drame bourgeois est légitimé par la même transformation sociale qui semble avoir mis la tragédie hors d’usage.

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