Délivré de son isolement en s’alliant à celui-ci, il put oser entreprendre une guerre monstrueuse contre les oeuvres d’art d’Eschyle, de Sophocle, et cela non par des ouvrages de polémique, mais par ses œuvres de poète dramatique opposant sa conception de la tragédie à celle de la tradition. » Voilà donc le poète conscient, le poète qui comprend, le poète qui analyse, le poète qui est mêlé d’un critique et qui fera exactement ce qu’il aura voulu faire.
Massis cite cette phrase, mais pourquoi supprime-t-il ce qui suit, et qui en éclaire le sens : « … tandis que, grâce aux circonstances étranges qui l’acculent, c’est, lui, vous le savez, sur qui se concentre l’intérêt dramatique du livre. » Intérêt dramatique, monsieur Massis ! […] André Gide nous entretient de ses divers professeurs de piano, de son goût pour la musique pure de son horreur de la musique dramatique, qui n’admet pas d’exception même pour Wagner (il ne mentionne pas Mozart).
Est-ce curieux, et ça ressemble-t-il aux inventions d’auteur, les combinaisons dramatiques amenées par les événements de la vie ? […] Et quelle grande artiste dramatique n’a-t-on pas utilisée ! […] Ce qu’il y a de meilleur dans la pièce est ce qu’il y a de plus sifflé, et ce qu’il y a de plus dramatique est ce qu’il y a de plus égayé.
Aussi manquerait-il quelque chose à notre littérature dramatique si la comédie de Marivaux n’existait pas. […] J’ai dit qu’il manquerait quelque chose à notre littérature dramatique si le répertoire de Marivaux nous manquait. […] qu’il y a de poètes encore, et d’auteurs dramatiques, et de romanciers, qui verraient volontiers revenir ces jours heureux où ce pouvait être assez d’un signe du directeur de la librairie pour fermer la bouche à la critique ! […] Il a pris dans ses Salons justement le contrepied de la vraie critique d’art, comme dans ses Entretiens sur le Fils naturel il avait pris le contrepied de la vraie critique dramatique. Il a mis devant ce qui était derrière, et du principal il a fait l’accessoire ; il a parlé de l’art de peindre absolument comme si l’art de peindre visait à provoquer l’émotion littéraire, et de l’art dramatique absolument comme si l’art dramatique était avant tout l’art d’« ordonner » des tableaux vivants.