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443. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

C’était surtout la voix sereine, impassible, mais terrible de la Providence vengeresse qu’il voulait faire prédominer sur toutes ces joies, sur toutes ces douleurs et sur tous ces défis du cœur humain. […] Il était à peine rétabli qu’il eut encore la douleur de voir mourir le meilleur de ses amis, le docteur Siegmund Barisani, premier médecin de l’hôpital, à Vienne, dont les soins éclairés et affectueux avaient contribué à prolonger jusqu’alors sa frêle existence. […] ” réplique don Juan, qui, au milieu même de douleurs surhumaines et déjà livré aux esprits infernaux, conserve la foi d’un néophyte souriant à l’aurore d’une vie nouvelle. […] … Elle sourit et prononça mon nom. » La clochette du théâtre retentit : une pâleur rapide décolora le visage dépouillé de fard de donn’Anna ; elle porta sa main à son cœur, comme si elle eût éprouvé une douleur subite, et, disant d’une voix éteinte : « Pauvre Anna, voici tes moments les plus terribles !  […] paradis plein de charmes, où une douleur céleste et indicible remplit mieux qu’une joie infinie toutes les espérances semées sur la terre.

444. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Que c’est donc beau la vraie émotion et le poignant de la réalité d’une sincère douleur ! […] L’une des dépositions tombe dans le silence ému de l’auditoire, celle de sa maîtresse, une pauvre et laide actrice du théâtre des Batignolles, toute maigriotte dans sa petite robe noire des répétitions, élevant pour le serment une main rouge d’engelures, et parlant avec une voix modeste et brave, et confessant tout haut son amour pour l’homme qui est entre les gendarmes, — misérable cabotine, grandie de la grandeur que les douleurs de la femme prennent sur ce théâtre tragique. […] Elle est là, avec sa douleur, sa chair pâle, décolorée, crucifiée, deux grands plis amers aux coins de la bouche. […] 14 décembre Toutes les douleurs morales se transforment dans les maladies nerveuses en douleurs physiques, en sorte qu’il semble que le corps souffre, une seconde fois, ce que l’âme a souffert.

445. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Quand l’esprit, à peine attentif, suit les contours indistincts d’une image ébauchée, la joie et la douleur l’effleurent d’un attouchement insensible. Quand l’esprit, avec une attention profonde, pénètre les détails minutieux d’une image précise, la joie et la douleur le secouent tout entier. […] Le chagrin d’une enfant qui voudrait être aimée de son père et que son père n’aime point, l’amour désespéré et la mort lente d’un pauvre jeune homme à demi imbécile, toutes ces peintures de douleurs secrètes laissent une impression ineffaçable. […] Micawber prononcera pendant trois volumes le même genre de phrases emphatiques, et passera cinq ou six cents fois avec une brusquerie comique de la joie à la douleur. […] Ces douleurs enfantines sont aussi profondes que des chagrins d’homme.

446. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Mercredi 1er mars À la suite de la crise d’hier, où j’ai eu des vomissements si violents, qu’ils me causent des douleurs dans les clavicules, et me laissent les bras courbaturés, je me suis vu forcé d’appeler le docteur Barié. […] Comme il est question de Vigny, de son grand caractère, Daudet faisant allusion à sa pièce, le Loup, raconte qu’il était mort un peu à la façon de son loup, gardant un mutisme effrayant dans d’affreuses douleurs. […] Jeudi 13 juillet Daudet me parlant de sa faiblesse, à la suite de la crise d’estomac de ces trois jours, je lui disais, que la douleur devait amener une dépense de force supérieure à celle exigée et obtenue par tous les exercices physiques ; et qu’un jour peut-être, on trouverait un instrument qui vous donnerait le chiffre de la déperdition, amenée par une crise de foie, par des douleurs rhumatismales, et qu’on serait étonné de la dépense de force, faite dans une maladie aiguë. […] Jeudi 17 août Dans une conversation sur la femme, Daudet disait aujourd’hui : « Il y aurait quelque chose de curieux à écrire sur le veuvage de la femme, après l’écoulement de la douleur. […] Aujourd’hui, je suis entré dans la tendue, et arrivé à un rejet où une mésange, les pattes brisées, se débattait, en jetant de petits cris de douleur, j’ai rebroussé chemin, et suis sorti du bois.

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