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975. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Cérès, s’avançant, montre au roi, chef de la justice, à Triptolème, à Dioclès, qui maîtrise les coursiers, au puissant Eumolpe, à Célée, pasteur des peuples, les saints rites de ses autels : elle leur enseigne à tous les divins mystères, à Triptolème, à Polyxène, à Dioclès, ces mystères terribles qu’il n’est permis ni de pénétrer, ni de savoir, ni de redire ; car une grande crainte des dieux enchaîne ici la voix.

976. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Les choses sont divines ; voilà pourquoi il faut concevoir des dieux pour exprimer les choses ; chaque paysage a le sien, sombre ou serein, mais toujours grand. […] Les Parques ont chanté un chant de mort sur ce dernier des Titans que les despotes divins précipitaient dans l’abîme. […] La simple et saine fleur de l’Hellade n’a eu qu’à s’ouvrir pour exhaler ce divin parfum. […] Mérimée aussi pouvait s’éprendre et adorer ; mais, au bout d’un temps, le critique en lui se réveillait, jugeait la déesse, trouvait qu’elle n’était pas assez divine. […] Car c’est de lui qu’il faut extraire l’Ève ou l’Adam primitif, l’Hercule ou la Pallas divine.

977. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

L’imagination avec ses chimères, l’esprit avec ses périls, la raison avec son orgueil, la fantaisie avec ses caprices, tout cela, ce n’est pas l’âme, cette portion divine de notre être, qui plane sur le tumulte de nos passions et de nos sens comme la blanche hirondelle des mers sur les flots noirs et agités. […] Avoir senti longtemps dans sa poitrine émue Un vivace foyer que chaque vent remue ; Feu divin d’où jaillit l’éclair des passions. […] Son sourire est Mâyâ, l’illusion divine ; Sur son ventre d’azur roulent les grandes eaux ; La charpente des monts est faite de ses os. […] Arrivés à une de ces phases critiques que la religion chrétienne a eu à traverser de temps à autre, et qui, en l’agitant sans réussir à la perdre, deviennent une des preuves les plus éclatantes de sa divine immortalité, Abailard et saint Bernard sont frappés tous deux, à leur manière, des périls de la situation. […] Pour les âmes pieuses et ferventes, ces moments s’appellent des extases ; pour celles qu’assujettit et que souille la vie du monde, ce ne sont que des intermittences rapides, des éclairs de nostalgie divine qui nous font revoir, à travers l’espace et la nuit, les lointaines images de la patrie perdue.

978. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

A partir de l’instant où l’écrivain disparaît, en effet, c’est sa famille qui a tous les droits, et des droits indiscutables, terribles, absolus comme jadis les droits divins de la royauté. […] Les représentants de la famille Sade ne veulent pas entendre parler du « divin marquis » : ils ne voient en lui que le coupable qui a donné son nom « au plus abominable des vices »31. […] Dès la fin du xixe  siècle, Sade, à la suite du « divin Arétin », est surnommé le « divin marquis ».

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