Mais le discours académique est un genre vivant qui transforme, qui embellit, qui a pour objet avant tout de réussir et de plaire, qui a pour premier devoir et pour condition de savoir tirer parti de chaque défunt et d’en dégager, ne fût-ce que pour un jour, un immortel. […] Ce qu’il dit est réellement un discours, ayant souffle, animation et mouvement.
Sous prétexte que toucher ou convaincre son lecteur, c’est sacrifier l’art en le subordonnant à une autre fin que lui-même, on vide son discours de toute vérité, que la raison, la conscience ou le cœur pourraient saisir : on poursuit une beauté toute matérielle et physique, que nul mélange du vrai, du bien, du beau moral même ne vient corrompre, et l’on travaille son style pour l’œil et l’oreille du public : on se fait ciseleur, coloriste ; on sculpte des phrases marmoréennes, on exécute d’étourdissantes variations ; on a une riche palette, un clavier étendu. […] Les discours simples se trouvent être ainsi les plus forts, les plus expressifs, les plus persuasifs.
[Discours à l’Académie française (1841).] […] Lemercier, pour faire face à toutes les rencontres de la vie, deux hommes, — deux hommes libres, — un homme politique indépendant, un homme littéraire original… [Discours de réception à l’Académie française (2 juin 1841).]
Au premier abord, on dirait qu’il est chimérique de vouloir extraire quoi que ce soit de certain de l’infinie variété des opinions et impressions individuelles que suscite un roman, une pièce de théâtre, un poème, un discours, etc. […] Tel chant de guerre, né dans la fièvre de l’enthousiasme, a valu une armée ; tel discours, prononcé à propos, a lancé des milliers d’hommes à l’assaut d’un trône ou d’une bastille.